Antony Geros : "je veux faire taire la polémique des problèmes entre moi et Moetai"

Antony Geros, président de l'APF (24 novembre 2023)
Depuis l'arrivée au pouvoir du Tavini en avril dernier, deux clans semblent se dessiner au sein de la majorité. Au cœur cette fois des dissensions : le projet de loi fiscale présenté par le Gouvernement et notamment le ministre de l'Économie et des élus en désaccord avec ce projet. Invité sur notre plateau, le président de l'Assemblée de Polynésie Antony Geros réfute pourtant toute dissension au Tavini.

Mardi, la commission de l'Économie et des Finances de l'assemble s'est levée contre le projet de loi fiscale du gouvernement. Deux mesures en particulier ont été rejetées : la contribution de solidarité sur les patrimoines immobiliers et la réduction des exonérations sur les véhicules électriques et hybrides. Les membres ont demandé au Pays de revoir sa copie, chose faite mais sans que le texte n'ait été changé... La commission des Finances devait de nouveau se réunir le 24 novembre mais a finalement été reportée au 1er décembre.

Est-ce que la guerre est déclarée entre le Législatif et le Gouvernement ? 

A.Geros : "Non, absolument pas. Nous avions déclaré au début de notre mandat que nous allions être très regardant sur les projets de textes que le Gouvernement allait nous présenter. Par rapport au premier texte fiscal, il y a deux articles qui nous ont beaucoup gênés. On a essayé de persuader le ministre de revoir sa copie notamment sur l'article concernant la propriété bâtie ; Soit cela n'a pas été compris, soit ils ont du mal à revoir cet aspect des choses. Par contre sur la conservation des véhicules hybrides, ils sont d'accord de retravailler leur texte."

Est-ce que vous allez arriver à trouver un consensus ou est-ce que c'est compliqué et vous allez retoquer ce projet de loi fiscale ? 

A.Geros : "D'abord, je veux faire taire la polémique des problèmes qu'il y a entre moi et Moetai. Ensuite, je veux également faire taire la polémique sur ces histoires de motion de défiance : cela n'existe pas dans le Tavini Huiraatira. Par contre effectivement, nous attendons son retour -sans doute dimanche- pour pouvoir nous rencontrer lundi. C'est la raison pour laquelle la commission a été décalée à vendredi prochain pour nous permettre le temps de discuter et d'échanger ensemble sur le pointeur fiscal que nous pensons ne pas être le bon mais qui est utilisé par son ministre. Je pense que nous allons trouver un terrain d'entente."

Est-ce qu'il n'aurait pas été bon de discuter en amont plutôt que de faire ça à l'Assemblée publiquement et justement, nourrir cette polémique ? 

A.Geros : "Nous avons essayé en comité de majorité. Malheureusement, on n'a pas été entendu. Le résultat a été constaté en commission le lendemain.

L'opposition parle d'un remaniement ministériel. Êtes-vous favorable ? Est-ce que vous pensez qu'il y a eu des erreurs de casting au sein du Gouvernement ? 

A.Geros : "Là, je ne vais pas faire de commentaire parce-que les membres du Gouvernement ont été choisis par le président. Nous, nous avons choisi uniquement le Président. La question lui revient.

Vous avez déclaré qu'on "ne pouvait pas gouverner contre sa majorité." Qui gouverne aujourd'hui ? L'Assemblée, ou Moetai et son équipe ? 

A.Geros : "J'ai tenu ces propos parce-que le ministre est nouveau. Je me suis vu dans sa peau en 2007 quand j'ai pris mes premières fonctions de vice-président et ministre du budget. J'ai vu les difficultés qu'il y avait à jongler à la fois entre une feuille de route imposée par le président, les critiques venant de l'opposition et puis le positionnement de la majorité. C'est dans ce contexte que je lui ai dit que, dans l'organisation normale des choses, le gouvernement ne doit pas oublier que les décisions sont prises par la majorité, et la majorité ne doit pas oublier qu'elle est là grâce à la majorité des électeurs qui les ont élus."

Justement, Moetai a dit également que, comme vous aviez déjà fait partie d'un Gouvernement, vous pouviez comprendre les contraintes d'un Gouvernement... Vous les comprenez ? 

A.Geros : "C'est là où il va falloir que l'on discute parce-que, quand on est arrivés à l'Assemblée, on a retiré 9 milliards. En tant qu'ancien ministre du budget, je me suis dit que le nouveau ministre allait devoir équilibrer avec "moins 9" son futur budget et pas étonnant qu'aujourd'hui, on panique ! On essaie de mettre en place des dispositions fiscales...  Comme je l'ai dit, nous attendions une réforme. Ceci étant, on lui a quand même [proposé des solutions et donné des idées]."   

Est-ce que des discussions plus apaisées peuvent être attendues dans les prochains jours ? 

A.Geros : "Les discussions ont toujours été apaisées. C'est uniquement la critique, les échanges...Mais dans toutes les réunions, c'est comme ça ! Par contre, on n'est jamais contre notre Gouvernement au contraire, on est là pour l'aider, et heureusement d'ailleurs.