Fini l'exonération sur les voitures électriques, les concessionnaires inquiets

Les voitures électriques bientôt au prix fort à Tahiti. Image d'illustration.
Accusées de ne pas être aussi écologiques qu’annoncées, les voitures électriques et hybrides sont dans le viseur du Pays. Dans le budget 2024, une réforme est prévue pour mettre fin, en partie, au système d’exonération dont bénéficient actuellement ces véhicules. Les concessionnaires s’en inquiètent, les prix pourraient grimper de 40%.

« Trop de taxes tue les taxes » : Narii Faugerat, comme ses collègues du Syndicat professionnel des concessionnaires automobiles, n’en revient pas.

+ 40 pourcent ?

Perdre les exonérations de taxes instaurées en 2014 par le gouvernement Fritch, au nom, à l’époque de la réduction à la dépendance aux énergies fossiles, risque de faire bondir le prix des véhicules hybrides et électriques.

« Les premières informations que nous avons eues nous ont mis ko par terre direct. On parlait de 40% du jour au lendemain. Là je peux vous dire que c'est la fin des voitures hybrides et électriques en Polynésie. On va se retrouver avec un prix de vente tellement prohibitif que les gens ne vont plus s'intéresser à ces voitures » s'insurge Narii Faugerat.

En 2022, selon la Direction des Transports Terrestres, les véhicules dits propres représentaient 17% des immatriculations. L’exonération d’une partie des taxes y a largement contribué.

Première réjouissance pour les écolos

Pour Jacky Bryant, secrétaire général de Heiura les Verts, avec cette réforme le Pays met le doigt où ça fait mal, mais il doit aller plus loin.

« On a emballé tout le monde, tout le monde est devenu écolo en ayant sa propre voiture hybride ou électrique ; En réalité ce n'est qu'un habillage. On ne sait pas comment sont produites ces voitures. Ensuite pendant l'utilisation : quelle est la source électrique ? Est-ce que son origine est propre ? Aujourd'hui 99% des véhicules qui se rechargent continuent à puiser dans une usine à partir de carburant fossilisé...et dernier point : quelle est la fin de vie de toutes ces batteries, problème majeur de cette opération ? » s'interroge l'écologiste.

Le projet du Pays prévoit le retour de la TVA et de la taxe de mise en circulation mais à des taux réduits. Seuls les véhicules de moins de 4 chevaux fiscaux moins énergivores en seront exonérés. Une fausse bonne idée pour Jacky Bryant.

« Faire croire qu'en protégeant les petites citadines on va réduire le problème, c'est d'un niveau de pudisme qui nous effraie complètement. Vous multipliez une voiture hybrique qui a une puissance X et vous ajoutez à côté une multitude de petites voitures toujours à l'électricité, vous trouvez exactement à la fin, le même produit ! donc il faut basculer complètement sur une réforme et l'argent qu'on va récupérer, c'est pour prendre en charge la fin de vie ».

Le côté écolo des voitures électriques et hybrides serait donc surfait. Le gouvernement estime même dans son projet qu’elles « ne permettent pas de réduire de façon significative la consommation de gazole et les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux véhicules thermique ».

Avec cette réforme sur les voitures électriques et hybrides, le Pays entend récupérer 719 millions de francs de recettes fiscales. Le Syndicat professionnel des concessionnaires automobiles a rencontré le président Moetai Brotherson, mardi. Ses membres ont plaidé pour la réduction de l’impact financier pour les sociétés.