Qu’ils soient chefs d’entreprises ou consommateurs, une partie de la population s’interroge sur l’opportunité du déplacement de Tavini huiraatira à l’ONU alors qu’ils peinent à boucler les fins du mois.
C’est le cas de Vaitea. Ce gérant d’une boutique de vêtements ouverte depuis 4 années, a réalisé son plus mauvais chiffre d’affaire en septembre. "C'est un mois qui a été assez catastrophique, au niveau du chiffre. Le gouvernement qui va à l'ONU, je pense qu'aujourd'hui il y a d'autres priorités plutôt que d'aller à l'ONU, je pense qu'il faut redonner confiance à la population, aux investisseurs. Les gens ne dépensent pas aujourd'hui, c'est difficile, ils n'ont plus beaucoup de sous pour pouvoir se nourrir, donc nous en tant que boutique de vêtements c'est encore plus compliqué", déplore le jeune homme.
Stellio Holman, horticulteur de Ra’iatea présent pour la septième année consécutive à la foire agricole estime que la priorité n’est pas là. "Il faut d'abord régler le problème ici, le problème est en Polynésie d'abord, ensuite il faut aller voir ce qui se passe ailleurs., parce qu'il n'a pas été élu par le peuple américain, mais par le peuple maohi. Il prône l'indépendance actuellement et ils veulent que ce pays soit indépendant. C'est pas que je suis contre, mais il y a le peuple qui souffre en ce moment. C'est le problème qu'on doit régler avant d'aller à l'ONU...La cherté de la vie, c'est ce dont souffre actuellement le peuple. Et ensuite on verra ce qui est proposé à la population", analyse-t-il.
Même son de cloche chez un éleveur dans le métier depuis 15 ans. Les belles paroles doivent laisser la place à des "actions positives pour le pays". "Ici il y a du boulot ! Le coût de la vie on n’a pas de nouvelles, la population est toujours en train de souffrir de la flambée des prix, ca se voit à la foire, parce que les clients se plaignent des prix affichés, mais nous on n'a pas le choix, parce que l'alimentation nous coûte très cher, et ça se répercute sur les animaux aussi", explique de façon anonyme cet éleveur.
Voir le quotidien s’améliorer, ces jeunes parents l’espèrent plus que tout, mais ils font encore confiance à l’équipe en place. "C'est important, on les laisse faire, on va voir comment ça se passe et comment ils arrivent à changer les choses pour nous tous. [Vous attendez du changement au niveau local ?] Oui, quand même, avoue Heiva-Hannah Clark, une habitante de Paea, la vie chère, les fins de mois sont quand même difficiles, même quand tu as un salaire de pouvoir payer tout ce qu'il faut. On espère que ça va changer avec eux".
Moins de six mois après l’élection du président Brotherson, les représentants de la société civile du CESEC eux aussi se montrent encore patients, mais leurs attentes sont claires, pour la jeunesse notamment.
"On ne peut pas s'étonner de ce voyage à New-York, d'abord parce qu'il est inscrit dans la ligne de conduite du Tavini, donc il résonne et fait écho avec beaucoup de cohérence avec la philosophie du parti. Je n'ai pas de commentaire à faire sur la pertinence de ce voyage, si ce n'est que nous au niveau du secteur associatif de la jeunesse et de l'éducation populaire, on reste quand même sur de grandes attentes. L'actualité du fenua, la montée en puissance du trafic de drogue, de la violence qui en émane, doivent interpeller notre sens des responsabilités. Je crois qu'il y a également des urgences ici. Pour notre part, nous sommes en attente de mesures fortes pour la jeunesse", précise Taoahere Maono, directeur général des services à l'Union Polynésienne pour la Jeunesse.
"Il ne faut pas aller trop vite, c'est une nouvelle équipe qui est en train de se mettre en place...C'est un pays, c'est pas un club de foot non plus...Attendons le débat d'orientation budgétaire, c'est là qu'on verra vraiment quelles sont les mesures que ce gouvernement mettre en œuvre", conclut Heirangi Nouveau, représentant CSMGCTP au CESEC.
Un débat d’orientation budgétaire dont la date n’a pas encore été fixée, mais selon le président de l’assemblée, il devrait se tenir au mois de novembre.