En 1973, à l'âge de 18 ans, Ratahi a pris la décision courageuse de s'engager dans l'armée, quittant ainsi son île natale pour poursuivre un nouveau chapitre de sa vie en France.
Cependant, la nouvelle bouleversante de son diagnostic médical a tout changé. Alors que les médecins lui donnaient peu de temps à vivre, Ratahi a pris une décision qui a ému toute sa famille: retourner à Tubuai, pour passer ses derniers instants.
Son périple de Toulouse jusqu'à Tubuai n'a pas été sans difficultés. Entre les contraintes logistiques, les préoccupations médicales et les émotions profondes qui l'assaillaient, chaque kilomètre parcouru était une épreuve en soi.
Dans l'avion, Ratahi devait être allongé sur une civière car sa situation médicale l'empêche d'être assis durant de longues périodes.
"J'ai attendu des heures seul dans l'aéroport", confie-t-il, évoquant les moments de solitude où il devait se débrouller en fauteuil roulant de Toulouse à Paris puis de Paris à Los Angeles, et enfin Tahiti où ses frères et soeurs l'attendaient avec impatience à l'arrivée.
Deux semaines seulement à vivre auprès des siens, à Tubuai
Sa sœur Béatrice Arai a tout mis en œuvre pour que son frère puisse revenir sur Tubuai, et passer ses derniers instants entouré de sa famille. "On est à la fois heureux de le revoir et tristes en même temps. Je garde précieusement le souvenir d'un monsieur partir, il y a 50 ans, alors que j'étais encore dans les bras de ma maman. Il avait la main très haute pour nous dire au revoir". Après avoir appris qu'il ne lui restait que deux semaines à vivre, toute la famille était bouleversée. Mais le simple fait d'avoir retrouvé leur frère est déjà une grande victoire.
J'ai des enfants en France, mais je suis revenu à Tubuai pour mourir ici. Je peux partir tranquille"
Ratahi Hauata Tahiata
Malgré la fatigue et la douleur, Ratahi a été soutenu par l'amour de sa famille. Les yeux brillants d'émotion, le retour sur son île natale a également ravivé des souvenirs et des émotions enfouis depuis longtemps.
Il leur reste reconnaissant d'avoir atteint son but.
Ratahi laisse en France sa fille ainsi que ses jumeaux qu'il ne reverra plus. "Ils sont jeunes, ils ne pensent qu'à s'amuser. Ils ont un autre mode de vie par rapport à moi. D'ailleurs la vie en France est très dure par rapport à ici". Il leur a fait ses adieux.