Augmentation du SMIG : l'inquiétude des professionnels

Le SMIG augmente de 4000 francs brut, un coût supplémentaire pour les patrons. Mais cela représente une revalorisation du pouvoir d'achat des plus petits salariés, qui vont donc toucher 3500 francs net de plus à partir de mai.
Depuis le 1er mai, le SMIG est revalorisé de 4.000 francs brut supplémentaire, soit 3.500 francs net. Le SMIG net atteint presque 150.000 XPF. Une hausse due à l’augmentation du niveau général des prix de plus de 2%. Annoncée depuis le début du mois seulement, certaines entreprises n’étaient pas au courant, beaucoup ont décidé de ne pas la répercuter sur leurs prix, en tout cas pour l’instant. Explications.

Amaury dirige une entreprise de quinze salariés. Trois sont au SMIG. À la fin du mois, ces derniers toucheront près de 150.000 francs net sans compter les primes. Le directeur est content pour eux. Les plus bas salaires pourront mieux faire face à l’inflation. Mais pas question de répercuter cette hausse sur le prix de vente. Amaury d'Hennezel, le directeur de Sodimec est ferme : "Certainement pas. Déjà le coût de la matière première est déjà tellement élevé et en progression permanente, le fret également. On ne peut pas se permettre de rajouter cette augmentation du SMIG, de le répartir sur les prix de vente."

Mais certaines sociétés auprès de qui il sous-traite différents services ont rectifié leurs tarifs. Amaury précise que : "les prestataires qui travaillent pour nous, certains ont effectivement répercuté cette augmentation et nous l'ont signifié par courrier depuis le début du mois. Parce que c'était une nécessité pour eux et je présume que ce sont des entreprises qui ont énormément de salariés au SMIG. Donc effectivement cela a une incidence pour eux, plus que pour nous."

La Confédération des Petites et Moyennes Entreprises (CPME) estime que le gouvernement aurait pu prévenir plus tôt que le 30 Avril pour le 1er mai. Surtout, elle s’inquiète de l’augmentation du coût du travail. Christophe Plée, le président de la CPME parle même d'une "spirale infernale, c’est-à-dire qu'on augmente les salaires, et on augmente le coût du travail. Et quand on augmente le coût du travail, on crée moins d'emplois. Voilà, ce n’est pas plus compliqué que ça. Ce n’est pas ce que l'on veut pour la Polynésie, on veut baisser le coût du travail."

Mais pour les économistes, il n'y a pas de risque de spirale inflationniste. "On n’en est pas là, donc il faut être assez tranquille de ce point de vue là. Par contre c'est un coût du travail supplémentaire qui existe, qui est aussi un coût du travail qui vient remettre d'aplomb le pouvoir d'achat des salariés les moins aisés. Donc il y a une justice sociale dans l'augmentation du SMIG. Mais en même temps, c'est sûr, ça fait une pression salariale supplémentaire pour les chefs d'entreprise." explique Florent Venayre, professeur des universités en sciences économiques.

Selon cet économiste, les prix ont augmenté de 11% en deux ans et demi. Aussi, il est normal que le SMIG soit rehaussé de 13% dans la même période.