Avec El Niño, le risque cyclonique est "à prendre au sérieux"

Les risques cycloniques cette saison, selon Météo France.
La Polynésie française entre en saison chaude. Elle va durer de novembre à avril avec un risque cyclonique plus élevé que les années précédentes, à cause d'un phénomène El Niño plus fort.

Va-t-on vivre un cyclone cette saison en Polynésie ? La question est sur toutes les lèvres. Après une longue saison "La Niña", le phénomène météo El Niño est de retour. Le dernier du même genre remonte à 2018-2019 mais à faible échelle, tandis que les phénomènes de 1982-1983, 1997-1998 et 2010 avaient provoqué des cyclones. Le dernier Niño le plus fort date de 2015-2016 et était à l'origine d'une dépression tropicale. 

Risque cyclonique 

Cette saison, El Niño devrait atteindre son pic entre décembre et janvier. Les météorologues y seront particulièrement attentifs. Plus chaud que La Niña, ce phénomène naturel et mondial peut provoquer des dépressions ou des cyclones dans le Pacifique. "El Niño veut dire que le réservoir d'eau chaude à l'ouest se déplace vers le centre du Pacifique, cela veut dire qu'il y aura un réservoir disponible pour la formation des nuages, qui va favoriser l'apparition de dépression. Le réservoir a commencé à se déplacer en juillet dernier", précise Victoire Laurent, responsable du bureau d'études et de la climatologie de Météo-France. Pour la Polynésie, le risque est plus élevé sur la Société, les Tuamotu et les Australes. Il est moindre sur les Gambier et les Marquises. 

Impossible en revanche d'établir de prévisions exactes. "Le risque est plus élevé que les années précédentes, de voir évoluer un phénomène nommé sur la Polynésie française. Cela fait déjà 50%, donc c'est un risque qu'il faut prendre au sérieux. (...) On a pris une claque en 2015-2016 -tous les climatologues du monde- parce-que cet El Niño était déjà atypique en soi. Celui de 2023-2024 est encore atypique... C'est beaucoup plus complexe aujourd'hui parce-qu'il faut intégrer le réchauffement climatique. L'ensemble de ces informations rend l'exercice plus difficile. Ce qui nous rassure, c'est qu'on n'est pas tout seul. Les centres du Pacifique donnent les mêmes messages" poursuit Victoire Laurent. En parallèle, cette dernière relève "moins de cyclones sur la Polynésie par rapport à nos voisins, sur les 50 dernières années."

Sans oublier les fortes pluies

El Niño et la saison chaude annoncent aussi le retour des fortes pluies, qui ne sont pas à prendre à la légère. Si la pluie permet aux Marquises de retrouver un peu de verdure après la sécheresse, ses effets peuvent être dévastateurs d'une commune à l'autre. La Polynésie en est témoin, après le drame de Papenoo en novembre 2022, les orages du mois de janvier et les inondations de Teahupoo survenus en sortie de saison, le 1er mai 2023.

Cette saison, les météorologues annoncent davantage de précipitations en Polynésie mais ne peuvent pas prévoir "comment elles vont être distribuées. Est-ce que ces six mois de pluie vont tomber sur deux-trois mois, ou est-ce qu'elles vont s'étaler sur la saison ? Ça, c'est vraiment la difficulté que l'on a. On risque d'avoir plus de pluie notamment dans la deuxième partie de la saison parce-qu'on aura le caractère El Niño et la ZCPS qui se déplace sur nous. Sur la première partie on va avoir proche de la normale voire déficitaire" indique Victoire Laurent. 

Vous pouvez vous tenir informés au travers des sites officiels de Météo France ou de la protection civile.