Baromètre MEDEF-PF : 92,6% des chefs d’entreprise ont une perception négative de l’avenir

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Le monde économique local s’accorde à dire que le pire reste à venir. Avec la guerre en Ukraine et la flambée du prix des matières premières, l’inflation n’a jamais été aussi élevée en Polynésie : 6,9 % en un an. Les perspectives sont inquiétantes si aucun signe d’orientation ne se manifeste.

A Pape'ete, une boutique de textile ne désemplit pas. Elle ouvre en juillet 2020, en pleine crise sanitaire et propose des t-shirts des îles. Depuis, ses ventes n'ont cessé d'augmenter. L’impact de la Contribution Pour la Solidarité (CPS) sur ses prix n’a pas freiné les acheteurs. "On était même surpris du résultat qu'on a jusqu'à aujourd'hui," assure Vaea Lacour, la responsable de boutique.

Un enthousiasme confirmé par l’IEOM. L’indice du climat des affaires retrouve son niveau de 2019. "C'est contradictoire parce que la situation économique telle qu'on la mesure avec le chiffre d'affaires aujourd'hui est plutôt favorable, explique Frédéric Dock, président du Medef-PF. On est globalement aux, ou au-dessus, des prévisions, ce qui est une bonne chose. D'ailleurs, les rendements de la TVA sont là pour le démontrer...Mais à côté de ça, la perception des chefs d'entreprise est extrêmement négative."

Manque de confiance en l'avenir

Selon un baromètre réalisé par le Medef-PF en juillet 2022, 92,6 % des chefs d’entreprise en Polynésie ont une perception négative de l’avenir. La situation de la crise sanitaire est pour 38,2 % des causes, mais l’avenir très incertain en est la principale raison. Elle compte pour 58,8 %. "Les chefs d'entreprise aujourd'hui sont inquiets du fait qu'ils ont un manque, pour ne pas dire une absence de visibilité, détaille le président du Medef-PF. Ce sera au contexte général, qui ne dépend pas que de la Polynésie, mais aussi au gouvernement et aux hommes politiques en général, de donner de la visibilité aux entreprises. Il suffira de peu pour que le moral des chefs d'entreprise revienne à la hausse et que, derrière, les choses se passent mieux. Ca sous-entend : confiance dans l'avenir, ce qui implique l'investissement, la création d'emplois."

Sauf que depuis quelques temps, les investisseurs privés rasent les murs. Et pour faire face à l’inflation, il faudra marcher main dans la main. "A mon avis, il faut qu'on discute avec le Pays, nous, en tant que syndicalistes et les employeurs pour revoir tout ce qu'il y a à mettre en place," appelle de ses vœux Mahinui Temarii, de Aro Porinetia.

Tout ne peut pas reposer sur les épaules du gouvernement, qui doit faire face à une réalité : les consommateurs les plus modestes accusent le coup et piochent déjà dans leur bas de laine…mais pour combien de temps encore ?