Battue aux sénatoriales, Sonia Backes va-t-elle démissionner du gouvernement ?

Sonia Backès lors de réunion historique trilatérale avec les indépendantistes début septembre en présence du gouvernement national.
La défaite aux élections sénatoriales de Sonia Backès, secrétaire d'État à la Citoyenneté, au profit d'un candidat indépendantiste, a créé la surprise dimanche et jette une ombre sur l'avenir politique de la présidente de la province Sud de la Nouvelle-Calédonie.

Alain Juppé en 2007, ou Justine Bénin en 2022, des hommes et des femmes politiques qui ont dû démissionner du gouvernement après leur défaite électorale. En sera-t-il de même pour Sonia Backès, secrétaire d'Etat à la Citoyenneté, qui vient d'être battue par un candidat indépendantiste aux dernières sénatoriales ?

Troisième au premier tour lors duquel le candidat dissident Les Républicains Georges Naturel a été élu, Sonia Backès (Renaissance) n'est pas parvenue à faire le plein de grands électeurs au second tour, s'inclinant face au candidat indépendantiste du Front de libération kanak (FLNKS) Robert Xowie, qui fait son entrée au Sénat.

Le reportage d'Outremer la 1ère :

©polynesie

Cette défaite de la secrétaire d'État, qui était donnée favorite, représente un premier revers pour le parti présidentiel dans ces élections sénatoriales, alors que Sonia Backès était la seule représentante du gouvernement à se présenter lors de ce scrutin. 

Localement, ce résultat est d'autant plus symbolique qu'il intervient en pleines négociations sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, dans lesquelles la secrétaire d'Etat est omniprésente.

C'est la première fois qu'un indépendantiste calédonien est élu au Sénat. Avant lui, seul Roch Pidjot (Union calédonienne) avait occupé une fonction parlementaire en étant élu député de 1964 à 1986. Chaque année, le 24 septembre est l'occasion de commémorer la date symbolique de la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France en 1853. "170 ans après, c'est une grande victoire pour nous", a déclaré à l'issue du scrutin Jean-Pierre Djaïwé, le porte-parole du Palika (une des composantes du FLNKS). "Des Calédoniens qui ne sont pas forcément indépendantistes ont voté pour nous. C'est un message fort pour nous et pour l'avenir", s'est félicité Robert Xowie, également maire de Lifou devant ses soutiens regroupés en face du Congrès de la Nouvelle-Calédonie.

L'apport des voix indépendantistes a permis à Georges Naturel, l'actuel maire de Dumbéa, de se faire élire au premier tour à plus de 60% des voix. Au second tour, c'est le soutien des non-indépendantistes qui a assuré la victoire de Robert Xowie avec 55% des suffrages.

Début septembre, Sonia Backès et les loyalistes lors de leur arrivée à Matignon.

Ce soutien des non-indépendantistes a été dénoncé comme une "trahison" par Sonia Backès sur les réseaux sociaux. Une vision partagée par Virginie Ruffenach, la vice-présidente du Rassemblement-Les Républicains, qui a également commenté l'élection sur les réseaux sociaux en qualifiant Georges Naturel de "couteau suisse de la trahison". "Nous n'arrêtons pas de recevoir des messages qui nous accusent d'avoir vendu la Nouvelle-Calédonie aux indépendantistes. Il est temps de changer de logiciel", a fait savoir à l'AFP un proche de Georges Naturel.

Le maire LR de Dumbéa fraîchement élu estime quant à lui que les grands électeurs ont exprimé "un ras-le-bol" et qu'il faut se "remettre en question", tout en assurant qu'il continuera de "défendre une Nouvelle-Calédonie française".Le dissident LR insiste sur le fait que ce sont "deux maires qui ont été élus sénateurs" et espère parvenir à "porter une nouvelle voix dans les discussions" sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie.