Chasse sous-marine : premières Polynésiennes au championnat du monde, Onyx et Taina ont besoin de fonds

Onyx Le Bihan et Taina Orth
Onyx le Bihan et Taina Orth ont cocréé l'association To'a Hine Spearfishing en mars 2022, après de nombreuses années de réflexion. Toutes deux pêcheuses, elles souhaitent donner plus de place aux femmes dans le milieu de la chasse sous-marine. Elles se battent depuis une dizaine d'années pour pouvoir enfin participer au championnat du monde...

Onyx et Taina pratiquent la chasse sous-marine professionnelle depuis dix ans. En 2017, elles remportent les Océanias face à l'équipe de Guam, perdent leur titre à domicile en 2022 contre la Nouvelle-Zélande avant de le leur reprendre des mains cette année, en Nouvelle-Calédonie. Le prochain tournoi inter-pacifique est prévu en mars 2024, en Nouvelle-Zélande.

Session de pêche du dimanche 16 juillet.

Porter la voix des femmes...

Mais au niveau local, elles n'ont pas beaucoup d'adversaires. "On s'est demandés pourquoi ? Comment ?" fait remarquer Onyx. Alors, elles ont commencé à chercher, sur les réseaux sociaux, en organisant des sessions..."on s'est rendues compte qu'il y avait des femmes qui pêchaient, mais avec leur famille ou leur conjoint" poursuit Onyx. 

Au fur et à mesure qu'elles se manifestaient, les pêcheuses exprimaient le voeu de s'émanciper. En mars 2022, Onyx et Taina décident alors de fonder l'association To'a Hine spearfishing, pour porter la voix de ces pêcheuses et développer la discipline chez les femmes. C'est pourquoi participer au championnat du monde leur tient tant à coeur. "En tant que compétiteur, l'étape d'après, ce sont les championnats du monde -on y pense depuis 2015. On s'est dit avec Taina, même si ce n'est pas nous, il faut qu'on présente une première équipe au championnat du monde féminin" souligne Onyx.

Les équipes masculines sont déjà de la partie depuis les années 1960 et détiennent de nombreux titres. Mais du côté des féminines, les Polynésiennes sont les grandes absentes. Taina et Onyx veulent changer la donne. Petit à petit, elles renforcent leur expérience pour franchir les portes du Mondial. Cette année, elles en ont enfin l'occasion mais pour faire de ce rêve une réalité, les deux pêcheuses ont besoin de fonds. "C'est un coût conséquent : près de deux millions Fcfp pour aller en Espagne" qui serviront à financer l'équipement de pêche adapté, la location d'un bateau et d'un capitaine sur place pour chacune des deux championnes ainsi que leur hébergement pour tout le mois de préparation, avant la compétition prévue du 8 au 10 septembre 2023. 

...et préserver l'environnement

Les stages qu'elles proposent leur permettent déjà de recueillir quelques financements. Comme le "kid's camp" organisé la semaine dernière, à destination des 12-16 ans, au prix de 25 000 Fcfp par personne. Huit stagiaires de Tahiti et Moorea, y ont participé de lundi à vendredi, sur l'île soeur.

Lors du kid's camp, organisé la semaine dernière.

"De 8h à 12h (...), ils apprennent les bases de la sécurité en chasse sous-marine et [se familiarisent] avec le milieu marin -le poisson, le corail, les algues, le type d'alimentation, les différentes espèces etc. On a fait des petits jeux avec des cartes pour qu'ils reconnaissent les familles, herbivores, carnivores etc., avec des petits rappels tous les jours sur ce qui a été fait la veille", détaille Taina Orth. "On essaie de donner des cours et de détecter des jeunes qu'on puisse former pour assurer les compétitions et gagner des titres, que ce soit aux océanias ou aux championnats du monde", rajoute Onyx. 

Mais ce n'est pas suffisant pour atteindre les deux millions. La récolte de fonds se poursuit avec un concert au golf de Moorea, le 28 juillet prochain, à 3 000 Fcfp le ticket.

Sinon, vous pouvez toujours proposer des dons ou des parrainages par e-mail : toahinespearfishing@gmail.com ou via les réseaux sociaux "et on discutera de comment ils peuvent nous aider" précise Taina. 

À travers leurs actions, elles souhaitent également transmettre une pratique de pêche durable. "Le plus beau des poissons est celui que tu vas manger. Il faut respecter la mer, vivre en harmonie avec elle. Moi je suis aussi biologiste marin : avec Taina on veut aussi partager cette vision."