Ramona Tua, ancienne pâtissière, doit aujourd’hui trouver la recette pour convaincre de signer la pétition sur la citoyenneté mā’ohi.
À la rencontre de la population
« Quand j’arrive dans un quartier, je leur demande s’ils ont déjà entendu parler de la citoyenneté mā’ohi. Et puis tout doucement on discute. (...) Je ne suis pas encore tombée dans des foyers où ils ne sont pas d’accord avec la citoyenneté mā’ohi » raconte Ramona.
Qui est mā’ohi ? Quels sont les critères qui définissent une personne en tant que mā’ohi ? Sur ces questions, les avis divergent. « Je suis né ici. Le 14 février 1965 à Mataiea. Même si on n'est pas né ici, mais qu'on a vécu longtemps sur cette terre, on peut dire qu’on est mā’ohi » pense Wilson Maono, habitant de Mataiea. Geneviève Maono, qui réside au même endroit, donne à son avis, à son tour : « en reo Tahiti, les mā’ohi ce sont les Polynésiens. Pour moi, c’est cela que ça signifie. »
Réfléchir au terme
Définir le terme mā’ohi…une problématique complexe à laquelle ont tenté de répondre plusieurs universitaires, lors du colloque organisé par Tematai Legayic. « Les termes comme mā’ohi sont connotés. C’est-à-dire qu’ils ont plusieurs sens, plusieurs représentations. Le sens premier, donné notamment par Turo a Raapoto et Henri Hiro, est la filiation à la terre. Ce n’est pas la filiation à des personnes. Donc aujourd’hui, il faut concevoir un terme qui inclut également cette dimension de la filiation » souligne Mirose Paia, professeur d’université.
Les universitaires ont été invités pour apporter leur éclairage au public, mais surtout aux politiciens. « On a discuté du mot mā’ohi. Puisque la proposition, c’est une citoyenneté mā’ohi. Est-ce que ce mot convient ? Est-ce qu’il englobe tout le monde ? Est-ce qu’il est trop restrictif ? C’est un peu l’éclairage qu’on a essayé d’apporter ce matin. Les critères ensuite : est-ce que cela donne un droit à la terre, par exemple, à l’emploi. Ça, c’est vraiment la partie politique du sujet » dit alors le professeur Bruno Saura.
Le député Legayic espère présenter son projet de loi l’année prochaine à l’Assemblée nationale. Mais pour cela, il devra récolter au moins 100 000 signatures à sa pétition.