Gambier : l'éradication des rats à Kamaka a permis le retour d'une espèce d'oiseau rare

Un pétrel tempête européen, photographié le 20 mars 2019 en Italie.
Le Kotai ou Océanite à gorge blanche (pétrel tempête) n'était pas revenu à Kamaka (Gambier) depuis l'introduction des rats dans l'archipel, il y a plus de cent ans. Grâce aux actions menées par l'association SOP Manu, les nuisibles ont été éradiqués et le petit oiseau marin est de retour sur l'île.

Classé en danger d'extinction par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN International), l'Océanite subit la prédation des chats et des rats. Le petit oiseau marin pond un seul œuf à même le sol, ce qui le rend particulièrement vulnérable.

En Polynésie, l'Océanite est reconnaissable grâce à ses bandes blanches au niveau de la gorge, du ventre, du croupion et de la face ventrale des ailes. Le reste de son corps est noir. Il est présent à Rapa, aux Marquises et aux Gambier où il se reproduit et peut aussi être observé à Tahiti et au nord de Tubuai. Mais depuis que les rats ont été introduits sur l'île de Kamaka, les Océanites n'y avaient plus posé les pattes.

L'île de Kamaka, aux Gambier.

"Cela nous donne de l'espoir"

Le Kotai a finalement réapparu en novembre 2024. Soit plus d'un siècle plus tard, selon la Société d’Ornithologie de Polynésie (SOP Manu). Le fruit d'un long travail entamé en juin 2015 par cette association, engagée dans la protection des oiseaux sauvages de Tahiti et ses îles. Il s'agissait de restaurer l'avifaune des Tuamotu-Gambier en éradiquant des espèces introduites ciblées - comme le rat par exemple. Il a fallu plusieurs tentatives pour en venir à bout, notamment à Kamaka. Mais en 2023, l'île est enfin débarrassée de ses nuisibles. L'élimination des rats a permis à l'Océanite (localement appelé Kotai) de revenir sur l'île.

Le retour de cette espèce après quinze ans d’efforts est un exploit. L’utilisation des haut-parleurs émettant le chant des pétrels était d’ailleurs une première, et surtout une réussite. Cela nous donne de l’espoir pour tous les projets de conservation que nous menons dans les quatre coins de Polynésie française.

Chloe Brown, chargée de communication

Polynésie la 1ère

Le projet a été mis en place avec l'aide d'ENVICO, une société de drones basée en Nouvelle-Zélande, des propriétaires fonciers de Kamaka, d'Island Conservation, de jeunes des Gambier et de la mairie des Gambier. Il a été financé par l’Union Européenne, Island Conservation et des donateurs privés.

En Polynésie, dans un territoire aussi grand que l'Europe, la population d'Océanites est inférieure à mille adultes. Au fenua, cette espèce est protégée en catégorie A par le Code de l’environnement.

Les haut-parleurs installés sur Kamaka permettent de diffuser des sons d’Océanites et les attirer de nouveau vers l'île. Le repeuplement des oiseaux marins est essentiel pour l'écosystème local.

Chloe Brown était en direct dans notre journal de 7 heures dimanche 05 janvier pour donner plus de précisions sur le sujet :