Citoyenneté polynésienne : est-ce possible ?

C’était un des thèmes de campagne, tout parti confondu, ou presque : la citoyenneté polynésienne. Le député Tematai Legayic a commencé une série de réunions publiques pour présenter ses propositions en ce sens. Objectif : protéger l’emploi local, le foncier et restreindre le corps électoral. Mais cela devra passer par une révision de la Constitution…pas si simple.

La dernière réunion publique de Tematai Legayic s’est tenue le 2 septembre, dans la salle omnisports de Rangiroa.

Tematai Legayic en tournée

Pour le député, il s’agit de présenter son projet de citoyenneté māo'hi. Une proposition de révision de la Constitution pour protéger l’emploi local et le foncier et restreindre le corps électoral.

"Le peuple polynésien doit s'entraider. Il faut surtout pousser nos jeunes : arrêtons de dire qu'ils n'ont pas d'expérience et à nous les anciens de les aider à persévérer" pointe une dame venue assister à la réunion. 

Quels seront les critères pour devenir citoyen polynésien ? Parmi les propositions du député présentées lors de ses réunions publiques, il faudra :

  • Être né en terre māo'hi
  • Avoir au moins un de ses parents citoyen māo'hi
  • Avoir vécu au moins la moitié de sa vie en terre māo'hi et passer devant une commission de naturalisation
  • Être marié à un citoyen māo'hi depuis au moins 15 ans et passer devant une commission 

Pouvoir légiférer au niveau local

Le Tapura préfère le terme de citoyenneté polynésienne, mais regrette surtout l’absence de concertation avec les élus de l’Assemblée.

"Le Tapura Huiraatira n'utilisera pas le terme de citoyenneté māo'hi. Lorsque nous étions engagés dans les élections législatives, nous avons porté ce sujet mais nous avions parlé à l'époque de 'citoyenneté polynésienne'. Aujourd'hui, le député Tematai Legayic a fait de ce sujet son cheval de bataille. Je crois savoir qu'au sein même du Tavini, il n'y a pas eu de concertations, alors imaginez avec nous... Il est important d'associer tout le monde car dans la proposition de Tematai, il y a sa vision. Dans la citoyenneté polynésienne telle qu'on la concevait, il ne s'agissait pas d'aller vers un phénomène d'autodétermination comme il semble le faire, mais de trouver des vérous légaux, de façon à pouvoir légiférer au niveau local" précise Tepuaraurii Teriitahi, élue du parti rouge.  

Nous disons 'oui' à tous les moyens qui nous permettront de protéger l'empoi local et le foncier, pour éviter l'inflation et que les terres soient vendues à des étrangers. Par contre, il faut vraiment établir les clauses : qui sera considéré comme citoyen polynésien ? Il ne s'agit pas de diviser notre Pays.

Tepuaraurii Teriitahi, élue Tapura à l'assemblée

Au moment de sa réélection vendredi, le président de l’Eglise Protestante Ma’ohi, François Pihaatae, a pris ouvertement position au pupitre. "Dieu a créé chaque peuple selon sa culture, sa terre, sa langue, son ma'a etc. Ramenons à Dieu ce qui est à Dieu et à l'Homme ce qui est à l'Homme" a-t-il commenté.

La démarche promet d'être longue

Pouvanaa a Oopa fut le premier homme politique à parler d’océanisation des cadres, jusqu’à la loi de protection de l’emploi local adoptée l’année dernière. Mais l'ancienne majorité l'avait déjà constaté, le chemin législatif pour obtenir la citoyenneté polynésienne est long et compliqué.

Les dispositions constitutionnelles ne permettent pas de reconnaître une ethnie, il est impossible de dire "Polynésien". Il ne reste en réalité que la durée de résidence dans la loi de Pays actuelle. On peut difficilement aller plus loin.

Sémir Al Wardi, professeur en sciences politiques.

La notion de citoyenneté existe déjà en Nouvelle-Calédonie, dans un contexte politique différent. Le corps électoral y est gelé depuis 1998 et les Accords de Nouméa.