Commission des Finances : exit la CST, plusieurs élus de l'opposition quittent la séance

Commission de l'Economie et des Finances, 1er décembre 2023.
La commission de l'Economie et des Finances s'est réunie pour statuer sur le projet de loi fiscale, vendredi 1er décembre. Deux de ses articles avaient été rejetés à l'unanimité le 21 novembre dernier. Cette fois, les membres de l'opposition ont quitté la séance en signe de contestation.

Les élus et le gouvernement se réunissent pour la deuxième fois en l'espace de deux semaines, afin de s'accorder sur le projet de loi fiscale. Onze heures de débat jetées à la poubelle pour finalement relancer le même débat sur la même loi...inacceptable aux yeux de Tepuaraurii Teriitahi, élue du Tapura Huiraatira. "Nous ne pouvons pas accepter cela. La commission a fait un vote. Nous considérons que l'on doit respecter le vote de la commission et que si l'on doit étudier un texte, il doit être différent avec les améliorations et changements que le Gouvernement propose. Mais pas refaire les débats et découvrir en direct des choses sur lesquelles ils se sont entendus."

Un pas en arrière

Le 21 novembre dernier, les élus du Tavini s'étaient opposés à la mise en place de la contribution de solidarité territoriale sur les propriétés bâties de plus de 50 millions de francs, ainsi qu'à l'exonération des véhicules hybrides et électriques proposée par le Gouvernement...un indice sur les dissensions qui semblent régner au sein de la majorité Tavini. Antony Géros, lui-même opposé aux textes du Gouvernement, a pourtant fermement réfuté toute tension au sein de son parti.

Ce vendredi, le Président Brotherson est revenu sur sa position puisqu'il retire la CST sur le Patrimoine ainsi que le volet concernant les véhicules hybrides et électriques, comme le souhaitait la majorité. 

"Finalement, on est comme une balle de ping-pong entre deux joueurs, c'est-à-dire le président de l'Assemblée et le président du Gouvernement, ils se renvoient la balle et nous, représentants, on est au milieu, on participe aux commissions, on vote mais on voit bien que l'un comme l'autre veulent avoir le dernier mot et aujourd'hui, dans le match qu'ils viennent de jouer, on peut comprendre que c'est le président de l'Assemblée qui a le dernier mot" caricature Tepuaraurii qui ressent bien de son côté, les divisions du Tavini. "La commission se fait à huit clos et ils préfèrent ne pas faire cela dans l'hémicycle parce-que cela montrerait les dissensions qu'il y a entre eux" avance-t-elle.

Un certain amateurisme ? 

La déception est partagée dans les rangs de l’opposition. Les élus du Tapura Huira’atira et du parti A Here ia Porinetia quittent la séance. Nuihau Laurey dénonce un non-respect du règlement intérieur : "déjà, le fait qu'on examine deux fois un texte voté est une grande première à l'Assemblée. Cela montre qu'il y a de vraies difficultés, de vraies dissensions entre la majorité et le gouvernement. À un moment donné, il faut que chaque élu prenne ses responsabilités et se prononce en séance sur chacun des articles de cette loi. Nous, on a dit que c'était une loi antiéconomique, avec des mesures qui vont à l'encontre de tout ce qui est mis en place en terme de lutte contre la cherté de la vie. Ce sont des mesures qui sont contre la transition énergétique puisqu'on supprime aussi des exonérations pour les véhicules électriques. Donc ce texte n'a pas de sens. En plus, le fait de taxer le patrimoine foncier pour financer la protection sociale : je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi...stupide, excusez moi du terme." 

Ce qu'il en est 

Le président du Pays, lui, affirme que le texte de loi concernant la CST sur les propriétés bâties sera bien supprimé, et celui sur l'exonération des véhicules hybrides et électriques, amélioré. "On les a écoutés et on a pris en compte leurs remarques", justifie Moetai Brotherson en parlant des représentants Tavini. Le Président maintient un discours rassurant : "il n'y a pas de souci, le budget va être équilibré." Et de conclure : "Que l'opposition ou que certains médias veuillent voir des dissensions là où il y a des discussions, c'est leur choix. Ce que je peux vous dire, c'est que le Tavini est le seul parti qui n'a pas explosé depuis sa création."

Le reportage de David Chang et Roan Poutoru : 

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