Des semelles XXL et des pilotis d’un mètre 80. Nul doute que l’eau pourra circuler sous la maison en cas d’intempéries. Après six ans de batailles administratives, les sœurs Tuahine ont enfin vu leur demande aboutir. "Du fait qu'on soit en zone rouge, initialement le PGA (NDLR: Plan Général d'Aménagement) n'autorise pas de construction, mais à force de persuasion, on a pu l'ériger" affirme Hinano Teuria, soeur de la propriétaire. "Un bureau d'études est passé par là, on a fait toute une procédure notamment avec le laboratoire TP pour la conformité, on a fait beaucoup de démarches, mais le résultat est là, notre maison est bâtie".
Construire en zone rouge inondations, à quelques centaines de mètres de la rivière de la Fautau’a: impensable il y a quelques années. Mais l’Office Polynésien de l’Habitat n’a plus vraiment le choix face aux problèmes fonciers. "Ce bâtiment a été construit pour résister à des vitesses d'écoulement d'eau, de choc, et de hauteur".
600 000 FCP de béton supplémentaires pour construire sur pilotis
'Et on a dû revoir la procédure car il fallait que cela respecte les règles de construction anti-cycloniques" d'après Bruno Marty, directeur de la Maîtrise d’Ouvrage à l'OPH. "Le coût supplémentaire, 600 000 FCP, est surtout dû au supplément de béton utilisé".
L'objectif, d'après l'OPH est de pouvoir construire sur des terrains auparavant inconstructibles. "Libérer du foncier, en partenariat avec le service de l'urbanisme, c'est possible ! On a plein de dossiers initialement déposés et refusés qu'on va pouvoir revoir pour loger encore plus de familles" se satisfait Bruno Marty.
Objectif: construire davantage de Fare OPH en zones inondables
D’abord surpris par cette construction hors norme, le voisin de cette heureuse propriétaire est d’ores et déjà conquis. Depuis quelques années, il fait face à la vétusté de sa maison. "Pendant la construction, on a été étonnés de la hauteur" s'interroge Gaby Tetuanui. "On espère que le prochain Fare OPH de ce type, ça sera le nôtre, car du coup on a aussi fait une demande".
De 400 à 500 maisons OPH (auparavant Fare MTR) sont construites chaque année en Polynésie. Quelques semaines après la dépression Nat, si les règles de construction en zone rouge s’assouplissent, ce type de logement devrait logiquement se multiplier près des rivières.