Sur place, Olivier Betremieux, vétérinaire et membre du RGO, a constaté "des blessures très graves sur la partie gauche de la baleine, la partie supérieure de sa mâchoire n’étant plus présente et empêchant ainsi sa survie à court terme". L'animal, sous la surveillance constante du vétérinaire, est finalement décédé ce mardi après-midi. Agnès Benet, présidente-fondatrice de l'association Mata Tora, mais également docteure en océanologie, portera plainte pour "decouvrir l'origine de ce drame et pour éviter que cela recommence".
Le rapport du vétérinaire Olivier Betremieux
Selon les informations que nous avons pu consulter dans le rapport du Dr Betremieux, "la nature et position des plaies ayant eu lieu à l’extrémité du corps de la baleine, sur une partie qui est mobile, et qui a été coupée de façon très nette, peuvent suggérer un choc violent mais « chirurgical » avec possiblement une absence/diminution du choc ressenti lors de l'impact avec l’animal. L’impact ressenti n’est pas toujours le même suivant la partie de l’animal percutée."
"Clairement la navigation marchande est responsable de la mort de ce mammifère marin. Il semblerait opportun de contrôler la navigation à des vitesses restreintes dans la zone de prédilection d’évolution et de repos des baleines à bosse" , en migration en Polynésie Française, de juillet à novembre.
Cette zone se situe globalement dans les 2km au large des passes et de la pente récifale
autour des îles de Polynésie.
La baleine juvénile victime d'une "coque très tranchante" de bateau
Selon Michael Poole, chercheur depuis 37 ans sur les cétacés, "Il s'agit d'une collision avec un bateau équipé d'une coque très tranchante. La mâchoire est vraiment abimée. J'ai déjà travaillé sur des lamantins touchés par les hélices de bateau, cela ne correspondait pas à ce genre de blessures". Aeata Richerd, membre du réseau RGO mandaté par la Direction de l'Environnement, est au stade des hypothèses. "On a forcément affaire à une très grosse hélice, car les organes ont été tranchés net. On est en train d'interroger tous les bateaux qui auraient eu un choc". C'est vraiment triste pour cet animal qui s'est retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. "Cela doit servir de leçon aux plaisanciers. L'enquête est en cours".
Afin d’éviter tout échouage et risque pour la santé publique, la baleine a été tractée au large avec l’aide de la vedette de la Brigade nautique de la Gendarmerie de Faa’a puis des embarcations de la Marine nationale, mobilisées en renfort.
À 17h00 ce mardi, la dépouille se trouvait à 2 milles nautiques au large de la pointe de Faa’a et dérive désormais vers le Sud, Sud-Ouest.
Un appel à la vigilance est lancé par les autorités: "les pêcheurs, plaisanciers, et autres usagers nautiques doivent redoubler d'attention et éviter les mises à l'eau dans la zone de Faa’a et de Punaauia ce soir et les prochains jours au regard des risques de possible concentration de prédateurs à proximité".
Le JRCC publie un appel urgent à la navigation
Ce mercredi, le JRCC publie un avis urgent à la navigation "compte-tenu du potentiel obstacle que pourrait représenter le cétacé semi immergé". Les personnes pouvant fournir des informations relatives à la localisation de la dépouille peuvent les communiquer au RGO de la DIREN au 89.57.14.30.
Si la situation représente un obstacle à la navigation merci de bien vouloir contacter le JRCC par VHF canal 16 ou au 40.54.16 .16.
La DIREN et la Brigade nautique de la Gendarmerie ont procédé, ce mardi matin, à des reconnaissances pour réévaluer la situation. La Diren rappel que "cet accident illustre les dommages susceptibles d'être causés aux baleines par les activités humaines. Il nous rappelle qu'il est important de renforcer le régime de protection de ces animaux emblématiques et de sensibiliser les pilotes et capitaines de bateaux sur les bons comportements à adopter pendant la période de migration des baleines".
Une cérémonie a été organisée par l'association Faafaite et Rohotu Noanoa pour lui rendre hommage et honorer la vie de cet être majestueux.
La vidéo a été relayés par la confondatrice de Sea Shepherd France:
Le reportage d'Aiata Tarahu et Jérôme Lee :