La chambre territoriale des comptes s'est penchée sur la situation de la décharge de Mumuvai en 2018. Son rapport préconisait la fermeture pure et simple du lieu. Dans une lettre envoyée au président de la CTC de Polynésie le 8 juin 2018, le maire de Faaa Oscar Temaru avait rétorqué que "la problématique de la décharge a préoccupé le maire et le conseil municipal de Faa'a depuis toujours" mais qu'elle s'est pérennisée par manque de solutions. En se basant sur plusieurs rapports d'experts, Oscar Temaru avait également affirmé que "l'impact environnemental reste limité" et utilisé l'argument antinucléaire en sa faveur : "En tout cas, les 'risques sanitaires et environnementaux' de la décharge de Mumuvai n'ont rien à voir avec les dégâts causés par les essais nucléaires réalisés par l'Etat français dans notre Pays".
Quatre ans plus tard, deux experts nommés par la justice sont plus nuancés et reconnaissent la géologie favorable du site, qui limiterait la pollution de l’eau potable souterraine. En 2023 "La Planète brûle" se dresse contre la commune de Faaa, décidée à faire cesser l'exploitation de la décharge de Saint-Hilaire. L’association de lutte contre la pollution a d'abord interpellé la commune par courrier le 28 juin 2023, réceptionné le 6 juillet mais resté sans réponse. L'association s'est donc tournée vers le tribunal administratif en demandant "l'annulation de la décision implicite de rejet" et "d’enjoindre à la commune de mettre fin à cette exploitation."
La commune a six mois pour régulariser la situation
Dans sa requête du 25 octobre 2023, "La Planète brûle" représentée par Me Mitaranga, soutient entre autres que "La commune de Faa’a a parfaitement conscience de l’illégalité de son action mais continue pourtant, année après année, d’enfouir sous terre des tonnes de déchets" et qu'une telle exploitation "est soumise à autorisation du président de la Polynésie française."
Dans sa décision du 25 juin, le TA décide "d’annuler la décision du 6 septembre 2023 par laquelle le maire de la commune a refusé de faire droit à la demande de cette association de mettre fin à l’exploitation de cette décharge". L'autorité administrative enjoint la commune de Faaa de "procéder à la régularisation de la situation de la décharge municipale en déposant une demande d’autorisation au titre de la législation polynésienne sur les installations classées pour la protection de l’environnement, dans le délai de six mois suivant la notification du jugement, assorti d’une astreinte de 150 000 FCFP par jour de retard. Il appartiendra au président de la Polynésie française, autorité compétente, de statuer sur le bien-fondé de cette demande."