Réaliser des défis sur Tik Tok pour augmenter sa côte de popularité...Le phénomène inquiète puisque la plateforme est surtout utilisée par les adolescents et que les challenges à relever mettent parfois leur vie en péril.
Inconscience
C'est le cas en ce moment avec le jeu du "rêve indien" à la mode, qui consiste à retenir sa respiration le plus longtemps possible. À Tipaerui, un élève a récemment perdu connaissance dans la cours de son collège en y participant. Pourtant, les jeunes continuent d'y jouer...Comme Bryan*, inscrit au lycée La Mennais. "Entre potes, on fait ce genre de défis, juste pour le fun. (...) L'idée c'est de voir qui va tenir le plus longtemps", explique-t-il.
Lui et sa bande avaient prévu "tout le matériel. Comme j'ai un ami qui a des machines respiratoires. On avait tout préparé" en sachant donc, que cela pouvait potentiellement les tuer. "On a fait chez moi directement, au cas où quelqu'un fasse une crise. (...) Et certains ont failli...enfin ils n'avaient plus de respiration. (...) Moi, j'ai arrêté. Cela m'a choqué."
Mais ses amis, eux, continuent à le faire. "C'est leur truc à eux. Juste une trend, pour faire son intéressant ou montrer que c'est facile à faire."
Comme la plupart des jeunes qui s'y essayent, Bryan avoue s'être laissé influencé. Si certains sont effectivement tentés, une bonne partie des jeunes que nous avons interviewés à Papeete, Papara, Taravao et Pirae nous disent qu'ils ne participent pas à ces défis et les trouvent même "débiles."
En revanche, ils ont presque tous été témoins de cette pratique, à l'école ou dans leur quartier. "J'en ai vu quelques-uns, mais je ne sais pas à quoi ça sert ce genre de défi. [Quand je les ai vu faire] ça m'a fait rire, il y en qui étaient tout rouges..." confie Tiare*, du lycée de Papara, sur le ton de l'ironie.
Phénomène amplifié
Ce phénomène de société est défini par la sociologue Aurélie Bayen-Poisson, maître de conférences à l'ISEPP-UCO Pacifique, comme un "rituel de socialisation" déjà présent chez les jeunes avant l'arrivée des réseaux sociaux. "Cela fait partie d'une des étapes de socialisation des adolescents, à partir de 12 ans environ. Les défis sur TikTok révèlent juste ce qui se fait dans la vie des jeunes adolescents, donnant par contre une visibilité accrue à ce genre de pratiques dangereuses, réalisées à l'insu des adultes."
Selon l'âge, les motivations sont différentes. Les plus jeunes (avant 6-7ans) agissent par "mimétisme" pour imiter et s'amuser avec leurs grands frères, sœurs, ou encore leurs cousins plus âgés. L'adolescent, lui, sera plus enclin à faire le défi pour s'intégrer dans un groupe ou s'imposer en leader. Et les réseaux sociaux ont amplifié le phénomène. "Il faut produire du contenu sur soi, qui reste suffisamment attractif et extraordinaire pour être partagé, liké et susciter la curiosité de nouveaux abonnés qui vont augmenter la popularité par la communauté de followers engendrée."
Ce que nos jeunes interviewés confirment : "c'est pour le buzz, les likes !"
Sauf que cela peut mener à une issue tragique...Face à ces faits, les parents sont parfois dépassés ou eux-mêmes concernés par l'addiction aux écrans. À ce titre, la plateforme jeprotegemonenfant.gouv.fr peut être une ressource d'informations et d’accompagnement utile. À savoir que l'utilisation des réseaux sociaux est encadrée par loi et que les plateformes telles que TikTok, Facebook ou Instagram ont la responsabilité des contenus qu'elles diffusent.
*les prénoms des mineurs ont été modifiés par souci de confidentialité.