Des huîtres made in Tahiti d'ici peu sur les tables de Noël

Originaire des îles Sous-le-Vent, cette huître est élevée à Tahiti.
A Noël et au jour de l'an, nombreux sont les Polynésiens à apprécier les huîtres, un produit le plus souvent importé de France ou de Nouvelle Zélande. Mais il sera bientôt possible de déguster des huîtres made in Tahiti ! Après plusieurs tentatives de production, cette fois, le projet prend forme.

Des huîtres élevées à Tahiti. C'est le pari lancé par la Direction des ressources marines et l'Ifremer.

Une collaboration pour élever la « saccostrea », une huître présente à Tahiti et dans les îles Sous-le-Vent à l’état sauvage. Les scientifiques travaillent sur deux espèces très proches du même genre : la cuculata, plus lente à la pousse (petite, à l’image de l’huître "bonbon" à la mode en ce moment en France pour l’apéritif) et l’echinata (plus rapide, plus grande, pour une consommation plus traditionnelle).

100% locale

Des tentatives d’élevage ont déjà eu lieu par le passé, mais un parasite, le polydora avait tout gâché. "Un ver de vase qui provoque des dégâts dans la coquille, ce qui rend les huîtres invendables", explique Guillaume Mitta, chef d'unité à l'IFREMER.

Nourries par des microalgues produites à Vaira’o, les huîtres ont aujourd’hui 8 mois.

Leurs géniteurs importés Raiatea il y a 1 an, se sont reproduits. Les larves ont été nourries, ont grossi , "se sont fixées à un substrat pour donner de petites huîtres", précise Manaarii Sham Koua, technicien à l'écloserie de l'Ifremer.

Bientôt prêtes à rejoindre le milieu naturel.

"Elles grossissent en nurserie pour atteindre des tailles autour de 4 cm, puis sont mises en milieu naturel". Il ajoute que "travailler avec une espèce vivant naturellement ici facilite les choses parce qu'elle est adaptée à la température, aux conditions du lagon".

Goût de noisette

La technique d’élevage qui sera utilisée ici, l’exondation, imite les marées, ce qui permettra à l’huître d’échapper au parasite. 

Une autre technique existe aussi pour lutter contre ce parasite. C'est la co-culture, où dans les bassins, les huîtres sont placées avec soit des parahapeue, soit avec des crevettes, des animaux friands du parasite polydora.

Dans le sud de la France, c'est la première technique qui est utilisée dans l’étang de Thau par la société Tarbouriech, laquelle élève l’huître exondée de France (la gigas), charnue et avec un goût de noisette…

Objectif : 20 tonnes par an

Un entrepreneur local, Marotea Vitrac, s’est ainsi associé à Florent Tarbouriech (qui élève donc des huîtres de Bouzigues) pour produire à terme ces huîtres de roche. A terme son objectif est de produire "20 tonnes par an, sachant que 100 tonnes sont importées", dit-il.

Bientôt, elles vont concurrencer les huîtres importées sur les tables.

Ils espèrent une première commercialisation fin 2025 et font partie des porteurs de projets sélectionnés par le Pays pour intégrer la zone biomarine de Faratea.

Plusieurs bassins ont été installés chez des partenaires à Tahiti, Moorea, Raiatea, et Tahaa.