L'histoire méconnue des essais nucléaires en Polynésie expliquée à des lycéens parisiens

Albert Drandov, co-auteur de la bande dessinée  "Au nom de la bombe", leur sert de guide.
Une vingtaine de lycéens parisiens ont visité une exposition sur les essais nucléaires de Moruroa et Fangataufa à la délégation de la Polynésie française à Paris. Une histoire méconnue pour ces élèves, racontée par les auteurs de la bande dessinée "Au nom de la bombe", sortie en 2010.

Au coeur de la délégation de la Polynésie française à Paris, des secrets des essais nucléaires révélés à des lycéens parisiens à travers une exposition.

Les gigantesques champignons atomiques, le désastre de Moruroa et Fangataufa, 30 ans de tirs nucléaires dressés sur une longue liste. "Il y en a eu 193, ce qui montre qu'ils n'ont pas fait qu'un seul essai. Ils ont continué dans leur démarche et pour moi c'est inhumain. Ils ont demandé la permission de la Polynésie française mais ils ont quand même utilisé le rapport de force pour essayer de leur faire céder ces atolls", dit scandalisé un lycéen.

Un extrait de la BD "Au nom de la bombe".

Du 1er tir nucléaire en 1966 jusqu'aux conséquences sur les Polynésiens aujourd'hui, toute l'histoire est retracée par Albert Drandov, co-auteur de la bande dessinée  "Au nom de la bombe". "Mes grands-patrents ont aussi vécu les essais nucléaires en Algérie. La vie que vivait les Polynésiens ressemble énormément à la vie que mes grands-parents et arrière-grands-parents ont pu vivre à cette période-là. Cet impact que les essais nucléaires ont eu à travers une autre génération, mais je le vis aussi comme eux aujourd'hui", raconte émue une lycéenne. 

Autre révélation d'Albert Drandov, des documents classés "secret défense". "La population tahitienne est parfaitement inconsciente, insouciante et ne manifeste aucune curiosité", peut-on y lire. "Ca me révolte, ça m'attriste et derrière tout ça, il y a des familles, des personnes qui ont perdu des membres de leur famille, c'est triste", déclare effarée une jeune fille. 

Découverte de documents classés à l'époque "secret défense".

"La clé de tout, c'est le mot mémoire. Lorsqu'on laisse glisser la mémoire, on passe une génération, on oublie, on ne retient pas les leçons et on recommence. C'est toujours ce qui s'est passé avec les Etats en général, que ce soit des phénomènes sociaux, des guerres ou les essais nucléaires, c'est la mémoire. Si vous passez une génération, on ne saura plus, et on ne saura plus quoi faire", explique Albert Drandov.

Pour prolonger ce devoir de mémoire, ces lycéens vont s'envoler pour Tahiti dans 2 semaines. 

Le reportage d'Outremer la 1ère :

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