156 milliards de Fcfp. C’est l’endettement de la Polynésie à ce jour. La faute au Covid puis à l’inflation. L’urgence désormais est de réduire la dette à 151,5 milliards de Fcfp. Le Pays propose de rendre une partie de la somme du deuxième prêt contracté auprès de l’État.
Ce PGE (Plan Garanti de l'État) s’élève à 35,8 milliards de Fcfp. Il a été conclu au temps du gouvernement Fritch pour contribuer au plan de relance évalué alors à 68 milliards de Fcfp. Près de deux tiers ont été utilisés, soit 20,6 milliards : 7 milliards pour la CPS, 8 milliards pour ATN et le reste pour le plan de relance. Aujourd’hui, 15,2 milliards sont encore disponibles.
"Nous n'avions pas de contraintes de trésorerie mais des contraintes budgétaires. C'est pour cette raison que nous n'avions pas mobilisé la totalité du prêt. La seconde raison : pour mobiliser un prêt de ce type-là, il faut justifier les dépenses. Le Pays fait l'avance de fonds et présente les factures à l'AFD (NDLR : Agence française de développement) qui remboursent sur présentation de factures", explique l'ancien ministre de l'Economie et des Finances, Yvonnick Raffin.
Problème, depuis, le taux d’intérêt a explosé. En effet, il n'était pas fixe au moment de la signature de ce PGE. Si l'argent était mobilisé au moment de la signature, le taux restait celui qui a été défini au moment de la signature. En revanche, si ce n'est pas le cas, il dépend alors de la conjecture du moment. Et aujourd'hui, la BCE, la Banque Centrale Européenne, augment le taux direct pour contrer l’inflation. Une décision qui s’est répercutée sur l’IEOM, la banque centrale des collectivités françaises du Pacifique. L'institut a suivi la décision de la BCE, et touche donc aujourd'hui la Polynésie française. Conséquences : le taux varie est désormais entre 4,5 et 5%.
"Avis partagés Cette décision de rembourser par anticipation de l'argent qui n'est pas utilisé me semble une bonne décision. Ça doit normalement aussi pousser le Pays à réduire les dépenses inutiles. Et, il y en a beaucoup"
Nuihau Laurey
La solution pour le gouvernement Brotherson : rendre 3 milliards sur le reliquat. Un pari risqué pour l’avenir estime Yvonnick Raffin. "Lorsque le Pays aura besoin de ces 3 trois milliards devra être obligé de les contracter par ailleurs et autrement. Là, le taux risque d'être assez élevé. C'est un choix du gouvernement qu'il faut respecter".
Le parti pris du président de la Polynésie est bon dit de son côté Nuihau Laurey, élu A Here ia Porinetia. Mais, il ne suffit pas, il faut aller encore plus loin. "Si le Pays ne fait rien, cela va nous conduire à payer en intérêt plusieurs milliards sur la durée de 20 ans de ces emprunts. Cette décision de rembourser par anticipation de l'argent qui n'est pas utilisé me semble une bonne décision. Ça doit normalement aussi pousser le Pays à réduire les dépenses inutiles. Et, il y en a beaucoup... Nous sommes à l'assemblée, nous avons critiqué à l'époque, le nombre de voyages effectués au titre de la francophonie ou tous les sujets divers et variés, ces pratiques ne changent pas beaucoup. C'est pour cela que nous disons : oui, il faut désendetter, il faut apprendre aussi à réduire nos dépenses publiques",
Pari risqué ou décision mûrement réfléchie... Pour l'heure, les caisses du Pays sont pleines mais certainement pas inépuisables...