La huitième convocation du docteur Théron était la bonne. La justice lui reprochait des violences aggravées sur un clerc d’huissier et d’avoir commis des outrages sur un gendarme. Les faits se sont déroulés en septembre 2021, en pleine crise covid.
Et ce contexte a occupé une bonne partie des débats. C’est tout de noir vêtu que le docteur Jean-Paul Théron s’est expliqué à la barre du tribunal correctionnel. Et tout au long du procès, il a nié avoir envoyé un plateau en fonte sur le clerc d’huissier venu lui apporter une convocation de la Chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins, pendant ses consultations à son domicile.
« Je ne m’attendais pas à ce que la situation du clerc d’huissier soit à un tel niveau de souffrance, c’est quelque chose que je n’ai pas anticipé car depuis le départ, j’avais l’impression que j’avais quand même fait mon travail, d’avoir été honnête, intègre, dévoué jusqu’au bout » a expliqué le médecin.
Le clerc d’huissier avait tenté toute la journée de joindre Jean-Paul Theron mais en vain. Il s’est donc présenté à son appartement situé à Arue, le 16 septembre 2021, un peu avant 19h. Il ne pensait pas l’interrompre pendant ses consultations car torse nu et vêtu d’un simple short il ne pensait pas qu'il travaillait. Le médecin s’est rapidement emporté, « il m’a traité de voyou, de délinquant » et lui aurait alors envoyé un dessous de plat en fonte qui a atteint le clerc d’huissier au bras. Bilan 8 jours d'ITT, une expertise judiciaire, demandée par la défense, portera cette incapacité à dix jours d'ITT. « Quand je lui ai montré ma blessure, il m’a dit tu en veux une autre » indique le clerc d'huisier.
Maitre Cross, l’un des avocats de Jean-Paul Théron considère qu’en septembre 2021, au plus fort de la crise sanitaire, l’heure n’était pas aux convocations disciplinaires alors que maître Teremoana Hellec, avocat du Conseil de l’ordre des médecins rappelle que les praticiens ne sont pas au-dessus des lois.
Antony Géros : " Taote Théron devrait être décoré plutôt qu’être trainé devant les tribunaux "
Une dizaine de témoins ont défilé à la barre du tribunal correctionnel. Ils n’avaient pas tous de rapport avec les faits, parmi eux Antony Géros. Le maire de Paea et président de l’Assemblée est revenu sur l’interpellation du médecin au centre Manu iti « des images scandaleuses qui ont fait le tour du monde », estime-t-il. Un point de vue que ne partage pas maître François Mestre, avocat du clerc d’huissier, qui estime que limiter cette affaire au seul contexte sanitaire tendu, c’est passer à côté du dossier. « On est là simplement pour savoir si les faits qui lui sont reprochés sont constitutifs de l’infraction de violence volontaire commise avec deux circonstances aggravantes » a plaidé l'avocat.
Suite aux dénégations de Jean-Paul Théron, le clerc d’huissier nous a confiés, considérer avoir été blessé une seconde fois. Incapable, depuis les faits, d’exercer son métier, il a été licencié.
Un procès politique pour les avocats de la défense face à " un médecin qui sauvait des vies "
Tout en niant les faits mais pour excuser un comportement inapproprié, Jean-Paul Théron a indiqué qu'il était « dans un état d’épuisement physique ». Il gérait selon lui jusqu'à 83 patients simultanément et dormait 15 à 20 minutes maximum par jour. Le médecin a demandé au tribunal correctionnel de lui accorder cette circonstance atténuante.
Accusé d’avoir outragé une gendarme, là aussi, Jean-Paul Théron a nié et compte porter plainte contre elle et contre l’ancien procureur de la république Hervé Leroy qu’il accuse d’avoir « orchestré ce procès pour l’État et pour le Pays ».
Le médecin accuse le Conseil de l’ordre des médecins d’être à l’origine de cette affaire, il exprime « la plus grande honte et la plus grande réprobation d’une institution qui devrait disparaitre ».
Délibéré le 10 octobre 2023.