Émeutes en Nouvelle-Calédonie : "On est oublié, piégé, coincé", les Polynésiens attendent leur rapatriement

Rapatriement Australiens Nouvelle-Calédonie
Plus d'une centaine de Polynésiens sont actuellement bloqués en Calédonie, et une trentaine de Calédoniens à Tahiti. Moetai Brotherson, en déplacement à Singapour, a annoncé la mise en place d'une plateforme pour que les personnes concernées puissent s'enregistrer. Ces listes seront ensuite communiquées aux représentants de l'État. En attendant, les locaux bloqués sur l'archipel s'impatientent.

Ils seraient environ 150 Polynésiens bloqués en Nouvelle-Calédonie, et une trentaine de Calédoniens bloqués à Tahiti. Partis pour des vacances ou le travail, ils ont été pris au milieu des émeutes qui ont éclaté le 13 mai sur le caillou. Malgré l'intervention des forces de l'ordre, renforcée par un millier de gendarmes et policiers, la situation reste très fragile. 

Alors que la Nouvelle-Zélande et l'Australie ont réussi à rapatrier certains de leurs ressortissants, les Polynésiens restent eux toujours bloqués sur place et ne demandent qu'une chose : revenir et au plus vite au fenua.

"On est oublié, piégé, coincé. On n'a pas de solutions, on sent totalement impuissant par rapport à cette situation".

Michel - un Polynésien bloqué en Calédonie

C'est le cas de Michel et Ranihau, bloqués depuis le début des évènements. "J'ai une entreprise à Tahiti avec 40 personnes (...), à distance, c'est assez compliqué. Pour moi, c'est urgent de rentrer. En plus, sur le plan personnel, on a un petit bébé de deux mois et demi qu'on avait laissé simplement trois jours avec la grand-mère et là aujourd'hui c'est compliqué. Rani a dû mal à le vivre", explique l'entrepreneur qui confie se sentir isolé et surtout "oublié".

"On commence à voir les ressortissants australiens et néo-zélandais quitter petit à petit l'hôtel, pour nous c'est un spectacle de désolation, on est dans l'expectative, sans nouvelle de qui que ce soit (...) On est oublié, piégé, coincé. On n'a pas de solutions, on sent totalement impuissant par rapport à cette situation", témoigne l'homme sur notre antenne radio. 

Tauturu, la plateforme pour s'enregistrer


Ce mardi, en début d'après-midi, le président Moetai Brotherson a réagi depuis Singapour. Dans une vidéo publiée sur son compte Facebook, le chef du gouvernement polynésien a annoncé que "faute d’obtenir plus d’informations de la part de l’Etat", le Pays met en place une plateforme pour permettre aux Polynésiens actuellement bloqués en Nouvell-Calédonie, ou à l’inverse les Calédoniens bloqués en Polynésie, de s'enregistrer. 

"Nous avons des chiffres approximatifs d'environ 150 personnes environ actuellement en Caldéonie, désireuses de revenir en Polynésie, et à l'inverse une trentaine de personnes en Nouvelle-Calédonie qui sont sur Tahiti et souhaiteraient repartir en Calédonie (...) Ces chiffres sont des approximations, de sources qui demandent à être affinées. C'est pourquoi si vous êtes en Polynésie ou Calédonie et souhaitez être rapatriés sur vos territoires respectifs, de vous inscrire sur plateforme."

Ces listes, assure le président du Pays, seront ensuite communiquées aux représentants de l'État pour mieux formater les dispositifs d'accueil temporaire et d'anticiper le retour pour tous."Aujourd’hui, on n’est pas en capacité de faire décoller des avions si l'aéroport est bloqué. Nous attendons des informations de l'État sur la réouverture de l'aéroport de Tontouta."

De son côté, le Haut-commissaire de Polynésie invite les personnes concernées à remplir le formulaire mis en place sur le site du HC et de le renvoyer accompagné d’un justificatif de billets d’avion aller et retour ainsi que de la copie de leur passeport français à l’adresse mail suivante : tourisme-assistance@nouvelle-caledonie.gouv.fr

Réactions politiques en Polynésie

Nicole Sanquer, élue non inscrite, a réagi suite à la problématique du retour des Polynésiens au fenua. "D’après ce que j’ai compris, c’est vraiment Aircalin qui aujourd’hui est en train de mettre en place le redémarrage de ses vols. Une annonce a été faite pour jeudi mais il semblerait que ce soit pour ce week-end. Apparemment le service du haut-commissariat est en train de négocier un retour du haut-commissariat au plus vite finalement."

De son côté, Pascale Haïti, élue Amuitahiraa O te nunaa maohi, estime que "la situation est catastrophique et dramatique pour ce Pays qui est entré en conflit avec l’Etat. Je pense que l’Etat met vraiment la charrue avant les bœufs. Il faut de la communication, beaucoup discuter, il faut du temps. Cela ne se règle pas en s’imposant, en fixant des règles par Paris. Ça ne se fait pas comme ça. Ils sèment ce qu’ils récoltent. Ça demande un certain dialogue et du respect vis-à-vis de ce Peuple."

Heinui Le Caill, représentant Tavini à l’Assemblée, espère lui que l'État va assumer ses responsabilités. "Si c’est juste pour se montrer et appliquer la politique de la matraque “je vous tape dessus” quel intérêt ? Il faut y aller pour ouvrir les vraies discussions et être dans le respect de tout le monde".