Selon Daneil Monconduit, l'obésité ne peut être réduite à un problème médical traitable uniquement par des médicaments. Il souligne l'importance des comportements alimentaires et culturels. Il souligne la nécessité pour les individus de prendre un vrai temps pour comprendre leur relation avec la nourriture, et pourquoi celle-ci peut devenir nocive pour leur santé.
"En Polynésie, bien manger, c'est manger beaucoup" selon Daniel Monconduit
Dans la culture polynésienne, l'idée que "bien manger, c'est manger beaucoup" est répandue. Cette perception traditionnelle, associée à l'image de la corpulence comme signe de santé, contribue à perpétuer des comportements alimentaires néfastes.
"Un enfant par exemple qui est un petit peu potelé, ça veut dire qu'il est en bonne santé et de façon générale, quand on est un peu fort, c'est qu'on a de la force et qu'on se porte bien et c'est vrai que ça ne nous aide pas, parce que la réalité des choses, c'est tout le contraire"
Daniel MonconduitInvité café 4 mars 2024
Daniel Monconduit met en lumière les causes multiples de l'obésité en Polynésie, notamment les évolutions culturelles et la transition vers une alimentation moderne moins contrôlée et sacrée qu'auparavant.
Le Polynésien qui mange aujourd'hui n'a plus rien à voir avec le Polynésien qui mangeait avant. On est passé d'une alimentation reliée à une terre qui était sacrée avec des aliments sur lesquels il y avait des "Tapu", il y avait des périodes de Rahui. Nous sommes passés d'une alimentation très contrôlée, très sacralisée, à une alimentation moderne qui n'a plus rien de sacrée, qui est facile, qu'on va acheter. On ne prépare plus ses repas et c'est finalement le piège alimentaire, mais qui traduit une fracture culturelle.
Daniel MonconduitInvité Café 4 mars 2024
Pour lutter contre l'obésité, Daniel Monconduit insiste sur la nécessité de revenir à une alimentation plus proche de la terre et de retrouver un lien conscient avec les aliments.
Au centre Ora ora, l'approche ne se limite pas à imposer des régimes, mais vise plutôt à encourager une démarche consciente et à aborder les dimensions psychologiques sous-jacentes à l'alimentation.
Il est crucial d'intervenir dès le plus jeune âge
Pour Daneil Monconduit, il est crucial d'intervenir dès le plus jeune âge, notamment à travers l'éducation et la sensibilisation dans les écoles, en impliquant également les familles et les communautés.
C'est un peu le drame de cette situation. Les industriels l'ont bien compris. Ils savent que l'alimentation "de mauvaise qualité" qui est concentrée, préparée, salée, sucrée va plaire, va donner du plaisir à la famille. C'est une alimentation qui rapporte de l'argent et qui est très nocive. Comment répondre à ça ? c'est certainement pas à la famille de répondre à ça, c'est aux autorités .
Il plaide pour un plan d'action global et coordonné, impliquant tous les secteurs de la société et mettant l'accent sur la prévention et l'accès à une alimentation saine pour tous.
Ce message, il est surtout destiné aux jeunes et aux autorités. Il faut faire attention de démarrer le plus tôt possible. C'est pour ça que la problématique des enfants, des adolescents obèses, de mon point de vue, c'est une priorité des priorités dans les programmes de soins que doit mettre en place le Pays. Il faut reconnaître qu'il n'y a pas grand-chose. Il y a une démarche qui est faite à Raiatea qu'il faut saluer, mais il faut reconnaître que c'est un point très déficitaire de la prise en charge actuellement
Daniel MonconduitInvité Café 4 mars 2024
Pour Daniel Monconduit, la lutte contre l'obésité en Polynésie nécessite une approche qui met l'accent sur la conscience alimentaire, la prévention précoce et la mobilisation de tous les acteurs de la société pour promouvoir une vie saine et équilibrée.
Daniel Monconduit répond aux questions d'Ibrahim Ahmed Hazi en français :
Hoanui Ravatua et Vahinetua Temauri répondent aux questions de Carlos Natua en tahitien :