Sur le terrain du collège de Taiohae, là où la délégation a pris ses quartiers, la troupe de danse dirigée par Kauana Ohotoua répète ses gestes. Il est deux heures de l'après-midi ce dimanche 17 décembre, soit deux heures avant le spectacle. "C'est un vrai défi parce que ce sont des enfants. Ils sont un peu dissipés et ont du mal à se concentrer" confie la cheffe de groupe. Fatiguée mais fière, Kauana fait preuve de beaucoup de patience et prend son rôle très à cœur.
Avec les adolescents, ce qui est compliqué c'est de gérer leurs émotions. Ils sont dans la période de la puberté, ils ont honte et il ne faut pas trop les bousculer. Mais ce soir, je suis particulièrement fière parce que je vois qu'ils ont beaucoup évolué. Il y a un réel dépassement de soi. Ils ont très envie de danser mais il faut les accompagner et les bousculer un peu !
Kauana Ohotoua
Des élèves de l'école culturelle Te Tuhuna
À Ua Pou, l'école culturelle accueille les enfants du primaire et du collège, soit environ 350 élèves. Depuis deux ans, elle participe au festival des arts et de la culture des Îles Marquises. À chaque fin de période scolaire, l'association et ses bénévoles sillonnent les vallées de l'île pour organiser des journées culturelles. Grâce à un partenariat avec la DGEE, "nous avons réussi à consacrer des moments d'éducation culturelle à la pause méridienne" explique Rataro Ohotoua.
En dehors de ce créneau, les bureaux de l'association Te Tuhuna accueillent également les enfants après les cours. Cette 14ème édition a nécessité cinq semaines de préparation.
La triste histoire du Umu Kai
Cette année, la troupe conte une histoire tragique. C'est celle d'une dame de Ua Pou qui apprivoisera un oiseau de l'île. Elle l'adoptera même comme son propre enfant. Après l'avoir élevé durant des années, une famine qui s'abattra sur l'île l'obligera à tuer le vertébré.
C'est une histoire assez tragique. Elle raconte celle d'une grand-mère qui a adopté un oiseau. L'animal, pour lui faire plaisir ou pour la remercier, dansait. Cependant, leur séparation va être tragique. La grand-mère va faire face à une période de famine, alors elle a dû manger l'oiseau. Elle l'a enfourné dans son Umu Kai, le four traditionnel qui est donc le thème de notre spectacle.
Rataro Ohotoua
Une drôle d'histoire quand le Haka Manu, la danse emblématique de l'archipel, exprime la connexion des Marquisiens avec la nature. Aux temps anciens, elle était exécutée uniquement par des femmes ou des jeunes filles de la classe royale. Cette danse traditionnelle met en valeur l'oiseau sacré, par des mouvements sensuels.
Le Umu Kai, une tradition enseignée à "l'école"
La pratique du Umu Kai, le four traditionnel marquisien, est enseignée à l'école culturelle Te Tuhuna. Un savoir-faire ancestral qui doit impérativement être transmis.
Nous avons choisi ce thème parce que l'apprentissage du savoir culinaire est une innovation pédagogique à Ua Pou. Dans la tradition marquisienne, le Umu Kai est une vraie cérémonie. Toutes les chansons qui seront interprétées par les enfants racontent l'histoire du four marquisien.
Rataro Ohotoua, fondateur de l'école Te Tuhuna