Fin des CAE : de nouvelles mesures pour insérer les jeunes

Auguste et Nancy sont tous deux des CAE, employés du service jeunesse de la mairie d'Arue depuis novembre 2023.
Les futurs bénéficiaires des contrats d’accès à l’emploi (CAE) rémunérés cinquante mille francs pour 39 heures de travail, au lieu de quatre-vingt mille. C’est l’un des nouveaux dispositifs proposé par le gouvernement dans sa réforme. Une révision qui va à l’encontre de l’objectif souhaité, selon les élus de l’opposition à l’assemblée, d'autant que les communes ne peuvent plus les solliciter. Elles, qui sont les premières à recruter ces stagiaires.

Auguste Carbaral a obtenu un CAE en novembre 2023. Une convention d’un an, renouvelable, en tant qu’agent d’entretien pour le service de la jeunesse de la mairie d’Arue. À terme, il espère obtenir un CDD, un contrat à durée déterminée. "Après ce CAE, je vais essayer de rechercher encore, d'avoir un autre contrat, encore. Bon, comme il n'y a plus de CAE, je verrais pour la suite, avec la mairie" déclare Auguste.

Nancy Lee Chip Sao, elle, est animatrice. Également en CAE depuis novembre, elle apprécie le dispositif. "Ça m'a appris beaucoup de choses dans le travail que j'effectue ici. Et ça aide aussi ma famille en même temps, avec l'indemnité. J'aimerais bien avoir un poste ici, parce que ça me plaît de travailler avec les enfants" confie Nancy. 

Sur 400 CAE signés par la municipalité d’Arue, onze ont obtenu un CDI, un contrat à durée indéterminée. Si le taux d’insertion reste assez faible, le dispositif promet une formation et un revenu à des jeunes polynésiens. "Notre moyenne d'âge elle est de 30 ans. À part ça, on essaye d'avoir des jeunes qui n'ont aucune expérience, qui viennent de sortir du cursus scolaire. Et qui finalement veulent apprendre le monde professionnel et voir comment ça se passe. Donc ils nous sollicitent et on les prend" explique Aute Lemaire, chargée de l'emploi au service action et cohésion de la mairie d'Arue.

Aujourd’hui, les maires et les élus sont inquiets. Les nouvelles mesures prises par le gouvernement écartent les mairies et les entreprises du dispositif d’insertion professionnelle, au profit des associations. Teura Iriti, maire d'Arue, argumente : "Les communes sont vraiment une grande force, pour accompagner le Pays dans la mise en activité de ces personnes. Sinon demain, on se retrouvera avec encore plus de SDF."

Tepuaraurii Teriitahi, présidente du groupe Tapura Huiraatira à l'Assemblée, ajoute : "Les entreprises ont droit à autre chose, qui est plutôt du genre stage. Donc il y a un CVD réinventé, mais là aussi, revu à la baisse. Puisqu'à notre époque, le CVD permettait à des étudiants Bac +3 d'avoir un stage rémunéré à hauteur de 170.000 francs mensuel pour les un an. Aujourd'hui, c'est 100.000 francs."

Les indemnités des stagiaires sont aussi revues à la baisse. De 80 000 cfp elles passent à 50 000 cfp. L’opposition craint les dérives d’une main-d’œuvre à moindre coût pour les entreprises.1300 personnes seront bénéficiaires de ces nouvelles mesures.

Sollicitée, la ministre de tutelle Vannina Crolas, n'a pas souhaité s'exprimer.