Sébastien Marchand aurait-il été remplacé par un proche du Tavini huiraatira ? C'est ce que suggère Lucie Tiffenat, représentante du syndicat Otahi et membre du conseil d'administration de la caisse de prévoyance sociale. Plus grave encore, elle accuse presque le gouvernement de racisme.
Déjà, c'est un blanc... Je ne voulais pas aller jusque là mais on l'a remplacé par un Polynésien, un Chinois, qui a déjà remplacé l'agent comptable de la CPS pendant la mandature d'Oscar. Moi je n'ai rien contre, mais mettre quelqu'un alors qu'il n'a rien fait de mal. On ne comprend pas les motivations.
Lucie Tiffenat, membre du CA de la CPS, porte-parole du syndicat OtahiPolynésie la 1ère
Un arrêté du 27 décembre 2024 met effectivement "fin aux fonctions de M. Sébastien MARCHAND en qualité d'agent comptable de la Caisse de prévoyance sociale de la Polynésie française à compter du 31 décembre 2024 au soir". Radio 1 l'avait annoncé avant que la nouvelle ne paraisse au journal officiel. Nos confrères indiquaient alors que le licenciement de Sébastien Marchand faisait suite aux doutes qu'il aurait exprimés au sujet de la mise en place d'une prime de retraite exceptionnelle de 23 500 cfp. Le comptable avait émis des réserves, au lieu de s'en tenir au choix du ministère de tutelle.
"On doit revoir le mode de gouvernance de la Caisse"
Quelle qu'en soit la raison, Sébastien Marchand a été remercié et remplacé par Michel Mou Loi. Le conseil d’administration de la CPS réuni vendredi matin a pris acte de cette décision même si elle ne fait pas l'unanimité, surtout en pleine période de fêtes de fin d'année. Plusieurs membres du CA ont proposé de le changer de poste mais se sont heurtés au refus du gouvernement. "Ce monsieur bénéficie d'un contrat de travail avec la CPS donc il nous revient avec le CA de pouvoir traiter de la suite à donner. Nous ne sommes pas d'accord sur cette manière de faire pendant les fêtes de Noël. Du jour au lendemain, il se retrouve sans rien. Il n'y a aucune indemnité, rien. Donc nous avons décidé au travers du bureau de le garder et le mettre sur un autre poste. Même ça, les deux représentants du gouvernement sont contre !" s'indigne Lucie Tiffenat.
On suppose qu'il a les compétences nécessaires dont on aura besoin pour faire travailler et former d'autres personnes, s'occuper de la sécurité des transactions. (...) C'est une décision politique de toutes les façons. J'ai un peu peur, j'ai l'impression qu'en ce moment, la politique a la mainmise sur la CPS.
Lucie Tiffenat, membre du CA de la CPS, porte-parole du syndicat OtahiPolynésie la 1ère
Depuis 2023, Lucie Tiffenat a le sentiment de n'être que "spectatrice" lors des conseils d'administration. "Je ne suis pas venue pendant les sessions budgétaires, j'ai laissé ma suppléante parce que je ne veux pas (...) qu'on prenne des décisions qui vont à l'encontre des intérêts des salariés et de beaucoup de gens" argue-t-elle. "En plus, ils retirent les 1% que l'ancien gouvernement a prévu de faire rentrer dans la caisse. C'était une décision tripartite. Aujourd'hui, ce gouvernement prend le pouvoir et enlève cette taxe. Pour moi, on doit revoir le mode de gouvernance de la Caisse" conclut la syndicaliste.