Le ministre a quitté les Marquises samedi matin pour se rendre sur l'atoll de Kaukura, aux Tuamotu. Il a atterri avec plus d'une heure de retard à l'aéroport où l'attendaient déjà le maire et son conseil municipal, munis de couronnes de fleurs. La délégation ministérielle a fait son entrée sur les mélodies paumotu, enchantée devant la beauté des lieux. "Nous savons que le paradis existe puisque nous sommes chez vous" a exprimé Gérald Darmanin.
Dès son arrivée, le représentant de l'État a pris la direction de l'école de Ta'ikura, construite comme un abri de survie en cas de catastrophe naturelle. Prêt depuis 2021, le bâtiment n'avait toujours pas été inauguré. Et cette année, la rentrée des 56 élèves de l’atoll a été repoussée à lundi prochain. Les élèves, les parents et les enseignants n'attendaient plus que le ministre...
Les drapeaux ont été levés, au ryhtme des chants nationaux interprétés par les enfants.
"Monsieur le maire, à vous et à votre conseil municipal, merci de nous accueillir si chaleureusement. Je salue votre population et les enfants que je suis très heureux de voir, très heureux des chants nationaux. (...) Le président de la République et le gouvernement est attentif à la Polynésie française et singulièrement à ceux qui connaissent des doubles insularités -des îles à côté d'îles plus grandes et qui parfois se sentent oubliés. Mais vous voyez bien que ce n'est pas le cas (...) parce-que nous avons ce bâtiment dont vous avez eu l'idée. Je sais que le Pays vous a accompagné, grâce à ses financements [de l'État], vous savez, ces 96 millions de francs. (...) S'il faut de l'argent pour faire ce genre de bâtiments, il faut aussi des idées, du courage et beaucoup de volonté, surtout quand on est maire. C'est d'abord un succès : cette école qui vous aidera. (...) C'est évidemment un défi que celui du réchauffement climatique, pour lequel nous sommes venus ici voir comment on peut lutter davantage avec vous pour protéger votre vie, vos familles et pouvoir encore très longtemps vivre dans ce coin de paradis" a déclaré le ministre dans son discours, en réponse à celui du maire, Reupena Taputuarai.
Paradis à développer et préserver
Ce dernier a insisté sur les besoins de l'atoll en termes de protection contre "le réchauffement climatique et en conséquence la montée des eaux et l'érosion des berges qui fragilisent nos terres et nos maisons. Protéger nos populations est devenus une priorité" en construisant des murs contre la houle et d'autres abris de survie résistants.
L'État a confirmé son soutien, notamment sur le plan de la transition énergétique évoqué par le maire de l'atoll, qui envisage avec le conseil municipal d'Arutua "une hybridation en parc photovoltaïque de la centrale thermique de Kaukura" pour économiser 47% des dépenses en gazole et réduire les émissions de gaz à effet de serre de près de 230 tonnes.
Kaukura abrite 414 habitants qui vivent principalement des ressources de la mer. Et pour assurer leur pérennité, le maire compte sur ce soutien financier de l'État et du Pays avec comme projet urgent, la construction d'abris de survie pour l'ensemble des atolls qui en sont dépourvus car "les effets du réchauffement climatique sont perceptibles sur plusieurs de nos motu" alerte Reupena Taputuarai.
Pour le président du Pays, Moetai Brotherson, c'est justement grâce à des initiatives comme celle de l'école de Ka'ikura que l'atoll pourra survivre. "Il nous faut être conscient des enjeux du changement climatique et c'est l'objet des structures tels que ces abris dont vous avez eu l'intelligence de faire également une école, ce qui permet d'en faire un usage mixte et d'assurer la maintenance des bâtiments, ce qui n'a pas toujours été le cas" félicite le président, en soulignant l'importance du développement "parce-que sans développement, ces abris n'abriteront plus grand monde. Il nous faut trouver le moyen de faire en sorte que vos enfants, même s'ils partent faire leurs études, reviennent développer leur pays pour que tout le monde puisse trouver un travail ici. C'est ce à quoi nous nous attachons avec le Gouvernement et l'Etat. Nous trouverons ces voies de développement avec vous, car vous connaissez ces atolls. C'est avec vous que nous voulons construire les solutions de demain."