Gérald Darmanin : "C'est aujourd'hui les Polynésiens qui dirigent la vie polynésienne"

Gérald Darmanin
Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer a accordé un entretien pour faire le bilan de son séjour de quatre jours en Polynésie française. Retour sur les points forts de cette interview.

La lutte contre les stupéfiants, la violence intra-familiale, la sécurité intérieure et routière... Des thèmes abordés pour introduire cet entretien avec le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer. Gérald Darmanin a en effet estimé qu'il y avait trois problèmes sur lesquels des choses sont à améliorer : des renforts en septembre pour lutter contre le trafic de drogue, une nouvelle brigade spécialisée pour les femmes comme déjà annoncée lors de cette tournée en Polynésie... Quant à la question des caméras de surveillance pour régler le problème de drogues et de sécurité routière, elle est en effet pertinente pour le ministre. D'abord pour avoir des preuves et retrouver les auteurs des faits. "La Polynésie est très en retard dans la vidéo surveillance", a lancé Gérald Darmanin qui rappelle que les maires peuvent faire des demandes pour ces caméras, elles sont à leur disposition a-t-il répété...

Retour des fonctionnaires 

Autre sujet abordé, le retour en Polynésie française des fonctionnaires. Un traitement injuste selon le ministre de l'Education en Polynésie. Une position que Gérald Darmanin balaye d'un revers de main : "Plus de 95% des policiers sont des Polynésiens ici. Chez les gendarmes, plus de 50% sont des Polynésiens. Nous allons doubler le nombre de réservistes polynésiens. Le procès qui est fait à l’Etat est un mauvais procès. Je ne vois pas ce que je peux faire de plus. Il faut encourager par contre les Polynésiens à passer des concours." Le ministre reconnaît néanmoins que les postes à responsabilité doivent effectivement être plus occupés par des Polynésiens. Il a d'ailleurs affirmé avoir discuté en ce sens avec le Haut-commissaire pour nommer plus de cadres ici. 

Environnement 

Quant au thème de l'environnement, Gérald Darmanin assure que la France va mettre les moyens pour qu'il n'y ait pas de réfugiés climatiques en Polynésie. Et cela doit passer, selon lui, par la science. C'est d'ailleurs pour cette raison, a-t-il expliqué, qu'il s'est rendu à l'IFREMER. "On a aussi un partenariat à l'Université de Polynésie pour travailler sur le réchauffement climatique". Quant à la transition énergétique, le fonds Macron est là pour la financer. 


Relation Etat-Pays 

Place à la relation entre Etat et Pays. Gérald Darmanin estime que la position et la situation de la Polynésie ne peuvent pas être comparées à celle de la Nouvelle-Calédonie. "Il n'y a pas d'urgence à modifier la constitution, nous avons des échanges productifs avec le président Moetai Brotherson (…) Dès mon arrivée à Paris, je rendrai compte de ces demandes au président Macron". Gérald Darmanin, interrogé sur la sortie d'Oscar Temaru, considère qu'il n'y a pas à décoloniser la Polynésie. "Qui préside ? Les indépendantistes à la fois à l'assemblée et au gouvernement (...) C'est aujourd'hui les Polynésiens qui dirigent la vie polynésienne". Quant à la présence de la France à l'ONU en octobre prochain "Je respecte l'identité, la langue, la culture polynésiennes. Je n'ai pas de vision jacobine de Paris (...) J’irai voir le président pour expliquer la vision de Moetai Brotherson, bien entendu qu’on doit discuter". 

Axe Indo-Pacifique 

Gérald Darmanin estime que les valeurs de la France sont aussi celles de l’Océanie, très attachées à la liberté. Et la France protège Wallis et Futuna, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie, a lancé le ministre. "Quand il y a une prédation économique, elle emporte tout, mais ensuite elle peut atteindre la liberté des peuples, il faut se méfier des voisins, qui ont un gros chéquier mais pas les mêmes valeurs que nous… ". Par ailleurs, le ministre a déclaré que la Polynésie doit avoir plus de pouvoir diplomatique dans la région… La France apporte la partie sécurité militaire mais le président Moetai Brotherson peut lui discuter avec la famille océanienne. Par ailleurs, il a rappelé le renforcement des moyens matériels et humains dans la région Pacifique avec la loi de la programmation militaire. 

Nucléaire 

En quatre jours de déplacement, le sujet n'a pas été abordé, a rappelé le ministre de l'Intérieur .. "Il faut qu’on continue de travailler sur le centre de mémoire et l’accompagnement que souhaitent les Polynésiens. Je veux constater avec vous que les engagements de Macron ont été tenus". Il a tenu également, à rappeler les actions du Haut-commissariat avec notamment les déplacements auprès de la population en particulier des îles pour les dossiers d'indemnisation : "Le nombre de dossiers a multiplié, donc l'État reconnaît ses fautes (...) Nous ne cachons pas la poussière sous le tapis". Quant à la question de la compensation CPS, Brotherson a demandé une mission, elle a été accordée affirme le ministre. "Elle va venir au mois de septembre, attendons donc ses conclusions pour décider de la suite". Gérald Darmanin a par ailleurs lancé qu'une étude était en cours sur la transmission intergénérationnelle des maladies radio-induites, une étude faite par les Américains au Japon. Selon les résultats, le ministre a assuré que l'Etat prendrait ses responsabilités…


Économie 

Il y a trop de monopoles économiques en Outre-mer et en Polynésie française, estime le ministre qui va lancer une mission du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer pour faire un constat des monopoles. "On va ensuite travailler avec Moetai Brotherson". Un président du Pays dont il salue l'ouverture d'esprit. 

Présidentielle 2027 ? 

Gérald Darmanin ne s'est pas franchement prononcé... "Mon travail d’homme politique est d’alerter les médias, les penseurs, mes collègues ministres, sinon nous aurons Marine Le Pen (...) J’ai 40 ans, je ne suis pas un ministre technicien, ce qui m’intéresse c'est la France et la population dans son entièreté… Je veux dire qu’il faut faire plus pour le peuple … "