Hausse de 5 cfp du prix du coprah : des coprahculteurs laissent tomber...la hache

5 cfp de plus par kilo de coprah. Pour les coprahculteurs, cela reste insuffisant pour faire face à la hausse du coût de la vie. Certains préfèrent laisser tomber.
Récolter les noix de coco pour en faire de l'huile. Un savoir-faire qui a un prix ! Et ce mois-ci il augmente de 5 francs. Le prix de la première catégorie de coprah passe à 150 cfp le kilo. Pas de quoi satisfaire les coprahculteurs vu le coût de la vie. Et pour permettre à l'huilerie de Tahiti de se maintenir sur le marché international, le Pays lui octroie une subvention de 600 millions cfp.

10 francs d’augmentation pour le kilo, c’est ce que demandaient les coprahculteurs depuis longtemps. En février, ils en avaient obtenu la moitié. Aujourd’hui, l’autre moitié est perçue mais reste insuffisante, notamment pour les exploitants de Rangiroa. "C'est une bonne chose que le prix du coprah a augmenté, mais par rapport au coût de la vie, ça reste toujours difficile pour nous qui habitons dans les îles", admet Maurice Potaa, un coprahculteur. "C'est bien, c'est pas grand chose mais c'est déjà pas mal. Et avec les augmentations dans les magasins, c'est un petit surplus", ajoute Kiki lui aussi coprahculteur.

22 kg de coprah rémunéré 3300 cfp.

La direction de l’Agriculture se félicite de cette augmentation du prix du coprah qui a toujours été étroitement liée à celle du SMIG. "L'objectif c'est que le travail agricole soit rémunéré à peu près au même niveau que le coût du travail basique sur un chantier et le coût du travail agricole puisque ça correspond un peu à ça", explique Philippe Couraud, chef de la direction de l'agriculture.

Une augmentation jugée cependant insuffisante par les exploitants et qui risque de diminuer la production. Elle serait déjà moins conséquente que celle de l’an passé. Le directeur de l’Huilerie de Tahiti s’en attriste car les cours mondiaux ont grimpé à cause de la guerre en Ukraine. "Le Polynésien est quelqu'un de très pragmatique. Il prend selon dont il a besoin, pas plus. Je pense qu'on va atteindre les 10 000 tonnes, 11 000 tonnes peut-être alors qu'on espérait 12 000-13 000 de production de coprah", avoue Henri Leduc, directeur de l'Huillerie de Tahiti.

A Hao, le litre d'essence est à 225 cfp. Pour Gaby, la hausse du prix du coprah ne couvre pas les dépenses liées à son activité.

A Hao, certains exploitants ne vont plus récolter le coprah au secteur. La faute à l’augmentation du prix du carburant. A 225 cfp le litre, le déplacement ne serait plus rentable pour certains. "On se contente de ce que le gouvernement nous donne...Mais ce n'est pas assez pour nous. Rien qu'avec le litre à 225 cfp, et ben dis donc, on ne va pas aller plus loin avec un sac de 3 000 cfp. Mais bon...", se désole Gaby, coprahculteur de Hao.

Cet exploitant n’est certainement pas le seul à avoir adopté ce raisonnement. Mais dans l’ensemble, la production semble rester stable, en tout cas cette année.