Perchés sur des tables, des garçons observent Michel Yien Kow, chef d’orchestre, en train de fabriquer un toere. Comme les pahu, il est en bois de rose. Le miro polynésien. Tous ces instruments sont faits sur place. Ces jeunes deviennent les architectes de leur propre patrimoine. Ils en sont fiers.
Une première
D’autant que le Heiva Taure’a, c’est pratiquement une première pour ces jeunes gens. 14 ans pour la plupart et pas encore prêts. "Pour l'instant, non, mais j'espère qu'avec les prochaines séances, mes compétences vont s'amélier", espère un garçon. "J’ai un peu le doute. Je ne suis pas encore prêt. On le sera en temps voulu", avoue de son côté Michel Yien Kow.
Sur la place de tous les tortillements, autrement dit la place To'ata, ils seront une soixantaine de batteurs, danseuses et danseurs à battre le fer pendant qu’il est encore chaud. Conjugaison de deux exigences, l’artistique et le scolaire. Ajouter à cela le charme lointain de ces lieux de tous les révoltés. "Ce sera notre première participation à ce Heiva Taure’a. C’est un grand bonheur. C’est l’occasion d’honorer notre culture. De Rapa, Tubuai ou Raivavae", déclare une jeune participante.
Chorégraphie originale
Parmi les meneurs, le sieur Ionatana Tahiata, rebelle à sa manière et chorégraphe exigeant, et Hinerava Tahiata. L’expérience est inédite pour ces enseignants de métier qui n’ont fait que suivre le mouvement de pata’uta’u des Australes. Il est particulier. "La thématique nous renvoie systématiquement aux difficultés en classe", explique Ionatana Tahiata. "Ce sont les élèves qui créent les aparima, otea, la chorégraphie...aidé(e)s par des intervenants, mais c'est aussi de leur création que naît chaque danse", reconnaît Hinerava Tahiata.
L’époque ne s’y prête pas encore, mais au Heiva Taure’a, tout le monde espère un souffle nouveau et de la fraîcheur venant, évidemment, des Australes.
Le reportage de Thomas Teriiteporouarai :