43 jours c’est le délai restant pour les familles de personnes décédées avant 2019 qui voudraient déposer un dossier de demande d’indemnisation auprès du CIVEN. "Prenez rendez-vous et préparez votre dossier, tous ne seront pas prêts. Interrogé, le CIVEN est prêt à accueillir les dossiers incomplets et à nous les ramener pour les compléter au cours de l'année 2025", explique Emile Vernier, président du SDIRAF, le syndicat de défense des intérêts des retraités actuels et futurs.
Tehaurai Mohi a perdu son mari en 1999. Une de leurs filles souffre d’un cancer de la thyroïde et c’est elle qui s’est aussi occupée du dossier de son défunt père, encouragée par le SDIRAF. "Elle m'a dit maman, je vais m'occuper du dossier de papa parce qu'il a eu un cancer des poumons, je ne savais pas ce qu'il fallait faire à l'époque. Pour moi, vous savez, il est tombé malade, il est mort, il n'y avait plus rien à faire. Mais elle, elle a vraiment voulu le faire et je l'ai encouragée, je lui ai dit "vas-y ma fille !", raconte Tehaurai.
495 dossiers polynésiens ont été reçus en 2023, un chiffre qui peut encore être amélioré selon Emile Vernier. Il estime qu’aujourd’hui il est plus facile de déposer un dossier. Via une association, ou auprès du haut-commissariat, ou encore via la mission "ALLER VERS".
Constitution, enregistrement et transmission du dossier, avant étude en séance, avec à terme une issue positive ou un rejet… qui peut donner lieu à recours.
Mais il existe encore des réticences. Léa s’est battue dès 1998 contre un cancer du sein. Profondément marquée dans sa chair et dans son âme ce n’est qu’en 2023 qu’elle entreprend les démarches pour son dossier. "Si j'avais eu les informations, mais je n'avais pas le courage d'aller faire mon dossier, parce qu'il faut exposer, il faut tout raconter ta maladie. C'était dur pour moi parce que quand j'ai su que j'avais ça, je me suis dit c'est la mort, le cancer c'est la mort !", déclare très émue Léa Saminadame.
Mettre des mots sur sa maladie reste une étape difficile à surmonter pour beaucoup. De plus, le SDIRAF estime que la liste des pathologies reconnues ne suffit pas et que la commission d’évaluation en sommeil depuis 2021 doit reprendre du service. "Je ne comprends pas que cette commission ne se réunit plus depuis 2021 alors que c'est elle qui est chargée de proposer de nouveaux noms de maladie", estime Emile Vernier. "Aux décideurs, regardez-nous, aidez-nous s'il vous plaît, à votre peuple maohi. Je ne regarde pas les autres, c'est vers nous qu'il faut que vous vous tourniez, nous les Maohi", insiste Tehaurai Mohi.
Le SDIRAF espère interpeller les 11 membres polynésiens de cette commission, associations, députés mais surtout le président de la Polynésie.
Le reportage de Heidi Yieng Kow :