Une cinquantaine de personnes vivent au fond de la vallée de la Punaruu, au-delà de la zone industrielle. Après vingt minutes de trajet en voiture depuis le rond-point, ils doivent traverser un pan de route au-dessus de la rivière pour rejoindre leurs habitations. Il faut compter encore une dizaine de minutes pour atteindre les premières maisons.
Mais depuis vendredi, les 150 mètres de bitume qui leur permettent de traverser la rivière ont été emportés. Ils ne peuvent plus compter que sur leurs pieds. Ceux qui ont des deux-roues sont les plus chanceux. "Quand on a su que la route était cassée, il y a plein de choses qui nous viennent à l'esprit : pour le travail, l'école qui va bientôt commencer... Rebelote comme l'année dernière. On va s'organiser pour les courses, les déplacements mais on est vraiment pénalisés" regrette Olivia Maeau Tuhoe.
Car oui, le scénario se répète à chaque fois que la rivière est en crue. "Avec les moyens technologiques d'aujourd'hui, on est en mesure de faire [une route qui tienne]. Je comprends toutes les contraintes, le coût des travaux etc., mais il faudrait que cela se fasse une bonne fois pour toutes et qu'on n'ait pas à vivre cela tous les ans" estime Steven Maeau Tuhoe.
La situation persiste depuis que la route a été déplacée. Le tracé de l'ancienne route proche de la montagne ne posait pas de problème. "La route d'origine, c'est de l'autre côté mais on ne nous laisse pas passer. Là, la route est sur la rivière. Ce qui fait que quand la rivière arrive, elle prend son chemin" explique Yolande Hunter Tuhoe, propriétaire d'un terrain dans la vallée.
Le maire de Punaauia, Simplicio Lissant n'a pas souhaité s'exprimer, affirmant que cette compétence incombe au Pays. La dernière fois que la route avait cassé, le Pays s'était apparemment chargé de la reconstruction selon le tavana. Invité sur notre plateau dimanche 05 janvier, Moetai Brotherson a réfuté cette affirmation. "Ce n'est pas de compétence pays. Ce n'est pas sur des terrains qui appartiennent au pays. Ce sont des terrains privés. C'est une route qui a été tracée par un privé. Néanmoins nous allons nous rendre demain avec le ministre des Grands Travaux sur le site pour voir exactement de quoi il retourne et rencontrer le propriétaire de ce tronçon de route qu'empruntent ces riverains - qui eux-mêmes selon les informations dont je dispose ne sont pas propriétaires des terres sur lesquelles elles résident. Donc vous voyez, c'est une situation compliquée" a déclaré le président.
En attendant, les familles s’organisent du mieux qu'elles peuvent et gardent un œil sur la rivière.