Une mer d'huile et un soleil éclatant pour l’arrivée de la maire de Teahupoo à Atimaono, dans une pirogue ornée de fleurs et de feuillages. Le moment est historique. Heiani Frebault, la décoratrice, n’est pas peu fière… Elle a apporté sa touche à ce grand événement, l'ouverture des Jeux Olympiques à Tahiti. "Je trouve mes végétaux dans mon jardin et ceux de ma famille. Le thème, on m’a dit fleuri et local mais en vrai pour les fleurs ce n’est pas du tout la saison. Heureusement, j’ai pu commander des Tiare Tahiti" confie la trentenaire.
Les 48 athlètes attendent les officiels armés de leurs drapeaux, 21 au total pour représenter les nationalités présentes aux épreuves de surf. Le président du Pays Moetai Brotherson est accompagné des trois députés récemment élus, ainsi que de la ministre des Sports Nahema Temarii et la ministre déléguée aux Outre-mers Marie Guévenoux arrivée à Tahiti au petit matin.
Une foule s’amasse autour d’eux, alors qu’ils cheminent sous la haie d’honneur formée par les danseurs. Les journalistes locaux, nationaux et internationaux tentent de se frayer un passage pour capter la plus belle image. "Le plus dur c’était de gérer les médias ! On était que quatre mais finalement ce n’était pas assez" lance Maeva Temaiana, coordinatrice communication de la cellule Tu'aro Nui, soulagée que la cérémonie soit terminée. "Mais sinon, ça s’est bien passé !" conclut-elle.
Les 48 surfeurs ont déposé tour à tour leur verre de sable dans la vasque principale, symbole d’union. Place ensuite au Rahiri, rite ancestral qui scelle l'engagement de chacun à se respecter mutuellement tout au long de la compétition, et aux danses, orchestrés de main de maître par Heimoana Metua. Après quatre mois de préparation, pour imaginer la chorégraphie, regrouper tous les artistes et "faire en sorte que la cérémonie soit ce qu’elle est aujourd'hui" détaille la cheffe de troupe de Teva I Tai, qui peut désormais vivre pleinement l’événement.
On a dû faire avec les conditions du lieu, c’est-à-dire assez petit et avec beaucoup de monde. Mais on a senti le mana, quelque chose de magique, c’était beau et bon à ressentir. L’arrivée des pirogues était essentielle, on voulait maintenir le lien avec Teahupoo. Étant donné que la cérémonie s'est déroulée à Atimaono et la compétition à Teahupoo, il était important de garder cette arrivée, où était transportée la mer de la passe de Havae.
Heimoana Metua, directrice artistique de la cérémonie d'ouverture des JO à Atimaono
"Nous, on n’a presque rien vu à cause des gens devant nous !" râle un spectateur, qui pensait avoir la meilleure place dans les tribunes. Il a finalement suivi la cérémonie sur les écrans installés à l’extérieur du chapiteau des officiels. En tout, deux écrans géants et quatre petits ont été disposés spécialement pour l’occasion au parc d’Atimaono. Du 26 au 31 juillet, le lieu est équipé d’internet et d’électricité pour alimenter les stands de la fan zone et le bureau délocalisé de la cellule Tu’aro Nui.
La chance qu’on a eu sur le plan logistique, c’est que tout le monde a joué le jeu. C’est une grande chance, c’est toute la magie du sport de manière générale. (...) Comme dans tout événement et surtout à ce niveau, ce sont des défis permanents. Les équipes sont au bout du bout. Il fallait qu’on réussisse. Au nom du gouvernement, je veux leur dire merci, je suis fière d’eux pour leur engagement et comme tous les Maohi, je suis heureuse. Je suis contente que Terehēamanu ait porté cet aspect culturel, nous on a pris en charge 100% de cette cérémonie et c’est normal parce-que c’est une cérémonie du Pays. Ça été laborieux, on a eu de grands moments de doutes, mais quand on fait preuve d’humilité, on arrive à ce qui se passe aujourd’hui.
Nahema Temarii, ministre des Sports et de la Jeunesse
La fibre et le courant ont permis, au beau milieu de Papara, de retransmettre en direct la cérémonie sur grand écran, sous les yeux de 1 700 spectateurs. Cette partie a mobilisé une quinzaine de personnes en régie, depuis Atimaono et les locaux de Polynésie La 1ère, ainsi que cinq caméras et un drone. "La régie à Pamatai réalisait la bascule entre Paris et Atimaono, l’édition et le nodal étaient là pour veiller au bon déroulement du direct, présenté par Maruki Dury à Pamatai" précise Tepiu Bambridge, directrice des contenus éditoriaux de Polynésie La 1ère.
Le maître de cérémonie, Johann Bouit, a rendu le micro avec deux minutes d’avance. "La crainte c’était qu’on dépasse le temps. Il fallait qu’on soit dans les temps pour la projection de la cérémonie de Paris et c’est bon on était dans les temps !"
Le public et les officiels ont ensuite pu se restaurer au cocktail, sur la plage. La communauté de communes Terehēamanu a fait appel à deux traiteurs, Gourmangele et Hotu Maa Tahiti, pour l'événement. Les équipes d’Angele White ont aussi fourni le petit-déjeuner des athlètes. "C'est toute une organisation. J’ai embauché des filles en extra. On cuisine depuis hier. Et toute la semaine, on est allés voir des agriculteurs pour tout ce qui est produits locaux" explique Angele, 35 ans de métier. Elle servira 360 personnes par jour à la fan zone d’Atimaono jusqu’au 30 juillet, puis à Paofai, du 31 juillet au 04 août.
La cérémonie d’ouverture déclare officiellement ouvert les Jeux Olympiques ainsi que la fan zone d’Atimaono et toutes les activités qu’elle propose, en mer et sur la terre, de 9 heures à 17 heures.