L'an prochain, Moerani Lehartel pourra élever ses bénitiers au pôle aquacole de Faratea

Moerani Lehartel possède plus de 100 000 bénitiers destinés à la vente.
Un lotissement de 33 hectares dédié aux activités aquacoles : c’est le projet Aruhotu mis en place par le Pays à Faratea. Les travaux sont actuellement en cours et devraient s’achever fin 2025. Huit parcelles seront mises à disposition des porteurs de projet dont Moerani Lehartel, actuellement éleveur de bénitiers à Papara.

Les bénitiers, Moerani s’en occupe comme ses propres enfants. A Papara, il possède une trentaine de bassins, aménagés spécialement pour le bien-être de ces animaux. Un savoir-faire transmis par son père. "On récupère des géniteurs, c'est-à-dire des gros bénitiers qui sont dans le lagon. Ensuite on provoque la ponte, on récupère les oeufs, on les féconde et après on élève le bénitier qui est quand même assez petit, à peine quelques centaines de microns, c'est plus petit qu'un cheveu. A partir de là, on élève le bénitier jusqu'à sa taille commercialisable, 6 cm à peu près", explique Moerani Lehartel, gérant de l’entreprise Tahiti Marine Aquaculture.

Une production pour préserver la ressource.

Ce jeune entrepreneur s’est lancé en 2010. Aujourd’hui, il possède plus de 100 000 bénitiers destinés à la vente, en grande partie pour la décoration d’aquariums. S’il a monté son entreprise, c’est avant tout pour préserver la biodiversité. "C'est la raréfaction de la ressource. J'ai grandi ici, j'ai vu l'évolution du lagon en Polynésie, particulièrement celui de Tahiti où il y a de moins en moins de bénitiers et de poissons, donc j'ai fait le choix de me tourner vers les métiers de l'aquaculture comme alternative à la pêche", note Moerani Lehartel.

Ce producteur de bénitiers va donc bénéficier d'une des huit parcelles mises à disposition des porteurs de projets dans le cadre de l'opération Aruhotu dédiée aux activités aquacoles.

La parcelle dédiée à l'élevage de bénitiers.

Et c'est à Faratea que les coups de pelleteuse rythment l’avancée de ce projet d'envergure. Crevettes, huîtres de roche ou encore rori sont les animaux destinés à l’élevage. Objectif affiché : développer un pôle aquacole pour augmenter l’autonomie alimentaire au fenua. "Il faut savoir que le développement de l'aquaculture en Polynésie depuis de nombreuses années a du mal à vraiment prendre son essor, en partie à cause d'une problématique d'accès au foncier notamment celui en bord de mer. C'est pourquoi le Pays a choisi de créer ce pôle aquacole", précise Camille Grosjean, ingénieure en aquaculture à la Direction des ressources marines.

Le chantier du futur pôle aquacole.

"En face de la zone Est du chantier, on voit les grandes parcelles de rori et de crevettes, et on voit aussi le tracé de la voirie qui va desservir le lotissement in fine. Aujourd'hui on est à peu près à la moitié des travaux, commencés l'an dernier", remarque Clément Breton, ingénieur chargé d’opération des grands projets de Polynésie. 

Un projet en bonne voie dont le coût total s'élève à plus de 3,6 milliards cfp. Avec lui, le Pays espère pouvoir doubler, voire tripler la production aquacole d’animaux en Polynésie