Le cargo-mixte est apparu aux couleurs des JO dans la baie de Vairao vendredi matin, accueilli au son des pahu et des to'ere. Les bannières visibles depuis plusieurs mois déjà dans divers lieux de Polynésie, trônent aussi à l'arrière de l'Aranui... Le paquebot a effectué son dernier voyage aux Marquises début juillet et reprendra son service fret le 12 août. En attendant, il est mobilisé pour héberger 19 délégations sur 21.
Les premiers athlètes sont arrivés à bord vendredi et commencent à prendre leurs marques. Ils seront 28 au total, en plus des 150 personnes du staff. Les entraînements débutent le 21 juillet. "Aujourd'hui on est en pré-opening. On accueille les chefs de mission pour qu'ils puissent préparer la chambre de leurs athlètes. Demain, c'est l'ouverture officielle. On fait le check-in, une visite de site et brief de sécurité" explique Julie Maugey, responsable du village olympique.
Même si la cérémonie a été retardée à cause de la pluie, "c'était une fierté d'accueillir ce paquebot. On a la chair de poule... C'était magnifique, avec les pahu, les to'ere, les chants. On ressentait vraiment le mana", exprime Jonathan Tarihaa le maire de Vairao.
Unique village olympique flottant
Le comité Paris 2024 est monté à bord pour faire un état des lieux à J-8 des épreuves de surf à Teahupoo, au rythme des chants marquisiens entonnés par l'équipage.
Les quatre ponts supérieurs sont dédiés aux athlètes. Les chambres et l'ensemble des pièces sont aux couleurs des JO. L'un des bars a été transformé en salle de gym. "Ils ont les mêmes équipements à terre au niveau de la base athlètes. Partout où ils vont, il y a des équipements sportifs qui leur permettent de s'échauffer ou de se détendre après leur heat" décrit Barbara Martins-Nio, responsable du site de Tahiti pour Paris 2024.
Cet hébergement est unique en son genre. "Sur la petite île, il n'y a aucune infrastructure touristique hôtelière. On a un cahier des charges dans lequel on doit garantir aux athlètes la proximité du site de compétition (moins de 45 minutes). On avait travaillé sur la rénovation de l'hôtel Puunui et très rapidement les riverains et les tavana ont dit qu'ils ne souhaitaient pas laisser d'empreinte sur leur territoire. On s'est dit que pour les sportifs de l'eau, vivre sur l'eau faisait sens. Le projet est né avec l'Institut jeunesse et sports (IJSPF)" détaille la responsable du site. L'Aranui a répondu à l'appel d'offres et pris en main le projet dès 2023. Une privatisation qui coûte environ trois millions Fcfp au Pays, selon Barbara Martins-Nio.
Deux navettes seront chargées de récupérer les athlètes pour les emmener directement sur le site de compétition (environ 20 minutes de trajet). Un pré petit-déjeuner sera proposé de 4 heures à 6 heures, et un petit-déjeuner, de 6 heures à 9 heures. Le déjeuner sera déposé sur la base athlètes avant le retour sur le paquebot pour le dîner et la nuit.
L'Aranui restera 21 jours au mouillage dans la baie de Vairao, connue pour avoir reçu d'autres gros paquebots, comme le France ou le Paul Gauguin. "C'est une aubaine" se réjouit le maire, notamment pour les artisans installés sur le quai pour la période et qui vont profiter de nombreux passages et de belles retombées économiques, car la commune voisine de Teahupoo ne sera pas soumise aux restrictions de circulation.
Quid des eaux usées
Le maire de Vairao a répondu aux inquiétudes de certains riverains quant au déversement des eaux usées, produites par les WC, les machines à laver ou les douches : "Je veux rassurer ma population : ce sera déversé bien au large, il n'y a aucun souci à se faire." Elles seront rejetées tous les cinq à sept jours environ, à 12 000 nautiques à l'extérieur des côtes. L'opération prendra une à deux heures et sera organisée entre 23 heures et 4 heures du matin. "Les sorties vont consister à ça. On le fera la nuit pour déranger le moins possible les athlètes" précise le capitaine Arnaud Pichard.
En marge de l'accueil de l'Aranui, la commune a également inauguré son terrain de beach soccer, de basketball ainsi qu'une dizaine de caméras de surveillance installées au niveau du quai.