Jeanne Teihotu vit de sa petite retraite, à peine 80 000 francs par mois. À 72 ans, elle observe impuissante sa maison tomber en ruines et doit réduire les achats, encore et encore. Heureusement que l’une de ses filles habite avec elle à Faa'a pour l’aider financièrement. Parce qu’aujourd’hui, le moindre franc est précieux. “Tout est cher, c’est cher, c’est cher. Tu prends 5000 cfp (...) juste pour une semaine, pau hoa tera 5000 ! Tout est cher aujourd’hui ce n’est plus comme avant. Heureusement que ma fille est là pour m’aide, sinon, moi toute seule je dois payer le courant, internet...je n'ai plus rien !", souilgne-t-elle.
Comme elle, 57% des Polynésiens interrogés à Tahiti et Moorea pour une enquête -menée conjointement par l'Institut d'Emission d'Outre-Mer (IEOM), l'Agence française de développement (AFD) et l'Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF)- trouvent que la situation économique se dégrade au fenua…une confiance moins forte que lors de la dernière enquête fin 2023. Pourtant, les prix des produits alimentaires ont légèrement baissé…“Bien qu’on ait des chiffres qui montrent que l’inflation est plutôt en descente sur l’année 2023, on voit que les ménages ressentent toujours assez fortement l’impact des prix : il y a plus de la moitié des ménages qui estiment que sur les six derniers mois, les prix ont fortement augmenté alors que cela ne transparaît pas dans les chiffres”, note Sophie Natier, responsable du service études économiques de l’IEOM.
Le problème, c’est que cette baisse des prix, de seulement 0,5%, ne suffit pas à combler toutes les augmentations subies par les Polynésiens depuis la sortie de la crise covid en 2022.
Aux abords des magasins, les avis sont unanimes : “11 000 balles juste pour la nourriture de ce week-end et la lessive…la vie est trop chère !” lance Alizée, accompagnée de son conjoint et ses deux enfants. Même constat pour Annabelle, dépensière dans l'âme, qui a désormais appris à gérer son budget : “tout ce que je prends, je regarde les prix, parce que la vie a beaucoup augmenté. Pour 5 000 cfp il n’y a plus grand chose dans le chariot” déplore-t-elle.
Il faut croire que la suppression de la TVA sociale, en octobre 2023, n’a pas encore eu l’effet attendu…