La première Tahiti Pride Week cette semaine pour lutter contre les discriminations

Une semaine pour changer le regard sur la communauté LBGTQIA, lesbiennes, bisexuels, gay, transsexuels, queer, intersexes et asexuels.
La Polynésie est avec la Calédonie, la Martinique et les îles Cook, l’un des rares pays d’outre-mer à organiser sa Gay Pride. Une 1ère sur le fenua, le baptême du feu pour l’association Cousins Cousines à l’initiative de la Tahiti Pride Week afin de célébrer la liberté de vivre et d’aimer. L’association propose plusieurs activités jusqu’à dimanche à Papeete. Objectif : montrer sans stigmatiser la communauté LBGTQIA, lesbiennes, bisexuels, gay, transsexuels, queer, intersexes et asexuels. En fait, changer le regard sur elle.

Les mœurs évoluent. En 1982 en France, l’homosexualité est dépénalisée.
En 1993 elle est déclassifiée comme maladie mentale par l’OMS.
En 1999, c'est l’instauration du PACS–malheureusement toujours inapplicable en Polynésie contrairement à la Nouvelle-Calédonie et Wallis et Futuna.
En 2013, c'est le mariage pour tous.

Les mœurs évoluent, les mentalités avec. Oui, mais pas partout, et pas aussi vite qu'il le faudrait. Selon l’institut de sondage IFOP en 2019, plus de la moitié des personnes de la communauté LGBT+ a déjà été victime au moins une fois dans sa vie d'une agression verbale ou physique à caractère homophobe.  Dans la rue, les transports en commun, à l’école, à la maison ou sur le lieu de travail.

Homophobie

L’homophobie fait aussi des victimes au fenua. Absence de politique publique pour en parler et la combattre. Il y a un problème de rejet familial qui conduit souvent des jeunes à des situations dramatiques : le suicide ou la prostitution. Et puis cette particularité au fenua : l’influence des religions pour lesquelles l’homosexualité reste souvent considérée "contre-nature". Car elle vient troubler l’ordre hétéronormé qui organise un monde articulé entre deux pôles : la différenciation entre féminin et masculin et l’établissement d’une supériorité des hommes sur les femmes.

En 2021, l’homosexualité est encore illégale dans près de 70 pays. Cela se traduit par des peines de prison - des purges en Tchétchénie - jusqu’à la peine de mort en Afghanistan, en Iran, Irak, Arabie Saoudite, Soudan ou Nigéria.

L’homophobie fat aussi loi dans le Pacifique sud. L'homosexualité est punie d’emprisonnement en Papouasie-Nouvelle-Guinée, aux Salomon, Kiribati, Samoa, à Tuvalu, Tonga et aux îles Cook. Seul Fidji a franchi le pas en 2010 en la dépénalisant.

La semaine de sensibilisation et de festivités de l’association Cousins Cousines propose jusqu’à dimanche, tout un panel d’activités pour apprendre à se respecter. 
Le coup d'envoi de la Tahiti pride week a été donné lundi au siège de l’association, place de la cathédrale.
Jusqu’à mercredi à l’assemblée de la Polynésie française, à découvrir une exposition de magnifiques patchworks de victimes du sida.

Les patchworks de victimes du sida.

Au programme aussi : des films au Hollywood 2.
-      Ce mercredi à 14h15, pour les scolaires "Chair tendre". L'histoire d'un jeune garçon qui s’interroge s’il doit se faire opérer ou pas et changer de sexe. Le film sera rediffusé le vendredi soir pour tout public
-      à 20h, "L’immensité" avec Pénélope Cruz dans le rôle d’une mère confrontée à la crise d’identité de sa fille. 
-      Enfin jeudi et vendredi soir à la même heure : les films "Vive les trans" et "Bros" une comédie américaine sur la rencontre de deux hommes.

La journée de mercredi a débuté à 9h30 à la maison de l'enfance de Faa'a. A l’affiche : un café-débat sur le thème de "L'enfant et sa famille LBGT".
Puis 2 gros temps forts au Parc Bougainville :
- de 11h à 15h, des stands d’information, des ateliers, des animations et des séances gratuites de dépistage du VIH 
- de 16h30 á 19h, un grand rassemblement arc-en-ciel.

 Enfin la 1ère Tahiti Pride week sera aussi festive.
Avec des soirées dans les cafés restos branchés de la capitale où se produira une célébre Drag Queen de Nouvelle-Calédonie.
Pour rappel : le 17 mai est la journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la transphobie, et la biphobie.

Le reportage de Marie-Christine Depaepe :

L’association Cousins Cousines créée en 2007 a reçu 2 subventions de l’Etat pour soutenir son action en milieu scolaire et auprès du grand public. Elle souhaiterait réactiver sa ligne d’écoute.
Elle a reçu aussi en 2019, le prix du public du grand concours national "Intiatives contre les LBGT- phobies".