La filière coprah de plus en plus délaissée ?

Du coco en séchage.
Depuis le 1er août, le gouvernement a réévalué le kilo de coprah à 155 Fcfp au lieu de 150, pour donner un coup de fouet au secteur. Cette dernière évolution va-t-elle motiver les jeunes des archipels à retourner dans les cocoteraies ?

La société Daudruy apprécie particulièrement l'huile de coco de Polynésie, l'une des meilleures au monde. Elle est l'un des plus grands raffineurs français, quatrième à l'échelle européenne et...le seul client de l’Huilerie de Tahiti. En 2022, la maison Daudruy de Dunkerque a racheté 5 400 tonnes d’huile de coprah brut, traitées à Motu-Uta, pour un montant de 833 millions de francs pacifiques.

La filière locale profite d’une hausse du cours mondial de l’huile brute alors que la production est en chute libre. En pleine mutation, les jeunes se désintéressent du coprah. Alors le Pays, pour rebooster le secteur, a augmenté de cinq francs le prix du kilo de coprah. 

Le coprah boudé au profit d'activités plus lucratives ? 

Couper les noix de coco et les faire sécher, et tout cela au soleil, requiert une aptitude physique certaine… Les jeunes des îles préfèrent se tourner vers des activités touristiques plus lucratives. Entre 155 Fcfp le kilo de coprah et 13 000 Fcfp l’excursion découverte sur le lagon bleu de Rangiroa, le calcul est vite fait.

Ainsi depuis 2020, la production de coprah a baissé de plus de 2 000 tonnes. Cela n’était pas arrivé depuis près de trente ans à Rangiroa, deuxième producteur de coprah en Polynésie. "On a beaucoup de chantiers où quelques jeunes sont employés. Ils disent que la vie est chère maintenant. Il y a beaucoup de jeunes employés sur des bateaux de tourisme. Les jeunes veulent du travail où c'est payé tout de suite. Le coprah c'est trop long !" déplore Ronald Estall, mandataire de l'huilerie de Tahiti à Rangiroa.

Les jeunes veulent du travail où c'est payé tout de suite. Le coprah c'est trop long !

Ronald Estall, mandataire pour l'huilerie de Tahiti à Rangiroa

Sur le territoire, une exploitation agricole sur quatre est exclusivement dédiée au coprah selon les chiffres 2023 de l’Institut de la statistique de la Polynésie Française.

Véritable tradition et art de vivre maohi, la culture du coprah nourrit les familles de 1 200 exploitants de nos archipels même si c'est de moins en moins le cas. Plusieurs facteurs entrent en jeu : "la météo qui n'a pas été très bonne aux Marquises par exemple. Il y a eu une sécheresse de plus de trois, quatre ans. Le départ de jeunes qui sont engagés dans l'Armée ou qui ont suivi une société qui a reconstruit un quai. Et dans un atoll, dix jeunes ont suivi cette société et sont venus sur Tahiti. Ce qui fait qu'il n'y a plus que des personnes âgées dans les îles" explique Henri Leduc, PDG de l'Huilerie de Tahiti.

Il n'y a plus que des personnes âgées dans les îles.

Henri Leduc, PDG de l'Huilerie de Tahiti

La chair blanche de la noix de coco est un puits de vitamines. Très riche en matières grasses, elle permet notamment la fabrication du monoi et plus récemment d'huile de coco. Elle est utilisée en parfumerie, cosmétique ou en gastronomie.

Du séchage dans les iles à Tahiti où le coprah brut est traité, le litre d’huile est vendu moins de 250 xpf dans l’hexagone contre 155 xpf le prix du kg de coprah séché. La rentabilité est de 100xpf à peine pour l’huilerie de Tahiti.