La dernière (et plus grosse) saisie de cocaïne en Polynésie remonte à décembre dernier : 524 kg sur un chalutier mexicain qui est en train de couler au port de Papeete. Entre l’Amérique du Sud, principal producteur, et l’Australie, marché n°1, c’est l’autoroute de la cocaïne dans le Pacifique. Et malgré son isolement, cela passe par les Marquises, porte d’entrée de la Polynésie. Toute halte est un risque pour les trafiquants.
Ce jour-là, les douanes contrôlent des voiliers à Hiva Oa. Les douaniers cherchent des stupéfiants, pas de drogue à bord, juste des rappels à l’ordre sur la franchise en alcool et les médicaments.
"À Tahiti, nous avons tout le matériel et toute la logistique à portée de main alors qu'aux Marquises, nous emmenons avec nous que ce qui est nécessaire. Mais on peut compter sur l'appui des brigades de gendarmerie en cas de saisie"
Douanier
Un défi quotidien pour les douanes car sur un territoire vaste comme l’Europe, les portes d’entrée sont nombreuses.
"Les saisies sont quotidiennes sur l'ensemble des vecteurs : que ce soit sur le contrôle routier, à la circulation, au niveau des vols internationaux, des vols domestiques... Malheureusement, on fait de nombreuses saisies"
Dominique LEGOUD – chef divisionnaire des douanes en Polynésie
Cocaïne, héroïne, paka... Mais aussi la méthamphétamine : la ICE. En provenance des États-Unis et destinée au marché polynésien, elle arrive via des colis postaux, les vols commerciaux ou par voie maritime. 15 kilos sont interceptés sur le sol polynésien en moyenne chaque année. Une autre partie est interceptée avant de quitter le sol américain.
Enquêtes miroirs
La dernière saisie : 5 kg dissimulés dans des jouets. Un travail d’équipe avec les différents services de gendarmerie.
Les enquêtes démarrent à l’OFAST, fer de lance de la lutte antistupéfiants. Ce matin-là, trois personnes ont été interpellées. Elles sont en garde à vue dans les locaux pour trafic. Les enquêteurs travaillent en coopération avec la police australienne et américaine. "On a une enquête ici sur un réseau polynésien, les Américains travaillent sur un réseau américain en contact avec ce même réseau polynésien", explique le commandant Olivier, chef de l’antenne OFAST.
"On a ce qu'on appelle des enquêtes miroirs. Chacun travaille de son côté et un moment on fait une jonction et on s'échange les informations. Cela nous permet d'interpeller le réseau qui fournit l'ICE à Los Angeles ou Honolulu et d'interpeller ici le réseau susceptible de payer ou recevoir l'importation".
Commandant Olivier – chef de l’antenne OFAST
Et les enquêteurs viennent d’identifier une nouvelle route. De très grosses quantités d'ICE, habituellement en provenance d’Asie du Sud-Est, désormais exportées par les cartels mexicains à destination de l’Australie, et qui passent aussi via la Polynésie. Le Parquet estime que 10% des drogues sont interceptées.
Regardez le reportage de Lucile Guichet, Sandro Ly et Teama Kamia