Légalisation du cannabis : le nouveau texte est un "retour en arrière", selon le syndicat polynésien du chanvre

Philippe Cathelain, Président du Syndicat pour la promotion du chanvre.
Après l'avis défavorable du CESEC sur le projet de loi de pays relatif à l'exploitation du CBD en Polynésie, un texte corrigé vient d'être présenté par Moetai Brotherson au président de l'Assemblée pour examen par la commission de la santé. Le nouveau texte déçoit le Syndicat polynésien du chanvre.

Faux espoir pour le syndicat polynésien du chanvre. Il avait pourtant foi dans le premier texte proposé par le gouvernement Brotherson, concernant la légalisation du cannabis thérapeutique. S'il a été validé en conseil des ministres, le CESEC ne l'a pas approuvé en totalité. Au début, "on était sur un régime de déclaration tout simplement donc le Pays limitait son contrôle. Mais suite à l'avis du CESEC, on est revenus à un régime d'autorisation, c'est-à-dire que maintenant, même pour planter du cannabis non stupéfiant (limité à 0,3% de THC), il va falloir l'autorisation du président" explique Philippe Cathelain, président du syndicat polynésien du chanvre.

Une déception puisque le nouveau texte est semblable à celui du Tapura, auquel le syndicat s'était opposé. Pour rappel, le gouvernement Fritch avait fait voter un texte de loi sur le cannabis thérapeutique abrogé à l'arrivée du nouveau gouvernement. Mais finalement, "on revient à l'esprit de la loi du Tapura que nous avions dénoncé. Mais ce n'est pas un point bloquant, il faut bien commencer un jour...si on continue à contester, on ne va jamais démarrer" veut croire Philippe Cathelain. 

Avant [dans le premier texte du gouvernement Brotherson, NDLR], il suffisait de se déclarer auprès la direction de l'Agriculture et on pouvait cultiver librement. Ce ne sera plus le cas : maintenant, il va falloir présenter son projet au gouvernement, expliquer ce qu'on veut faire avec ce cannabis non stupéfiant, afin d'obtenir cette autorisation.

Philippe Cathelain -

Président du Syndicat pour la promotion du chanvre

Cela signifie qu'il y aura davantage de contraintes pour exploiter du cannabis localement... "Les recommandations du SPC sont simples : on dit que pour cultiver du cannabis en Polynésie, il faut un contrat de vente et ne pas produire à l'aveugle, avoir un client qui rachète la production ou avoir un projet de transformation. Comme ça, ça évite que la matière première se retrouve sur le marché de manière illicite" rappelle Philippe Cathelain. 

Mais tant pis, pour l'heure le SPC se résigne et attend désormais la suite de la procédure administrative. De même pour le secteur médical qui s'interroge toujours sur l'application de la future loi.

La première chose est d'en assurer la sécurité. Cela demande beaucoup de travail. La sécurité de l'administration des produits, dans des domaines bien ciblés, qui seront ceux de la loi et se mettront en place avec l'ARASS. C'est-à-dire dans quelles indications, avec quel mode, selon quel posologie, tout ça reste à établir par des arrêtés d'application. Nous attendons que cette loi de Pays soit promulguée. Il nous a été fait des promesses que ce serait en fin d'année. Reste à voir tous les détails.

Dr Eric Parrat -

Pneumologue

Le texte doit répondre aux conditions de la convention internationale sur les stupéfiants, qui définit et sécurise les zones de culture. Le volet médical de la loi nécessitera un travail technique très complexe pour les instances sanitaires appelées à prescrire les médicaments. 

Si le président Brotherson promet une loi avant la fin de l’année, sa concrétisation risque de prendre du temps.

Dans l’hexagone, l’expérimentation du cannabis médical débutée en 2020 pose encore des questions d’organisation ; Elle est prolongée jusqu'au 31 décembre.