A l'heure où la Polynésie française s'apprête à créer une des plus grandes aires marines protégées (AMP) de France, c'est une étude qui vient conforter la décision du gouvernement. Pour rappel, lors du One Ocean Summit qui s'est tenu à Brest en février 2022, le président du pays Edouard Fritch avait annoncé la création d'une AMP de 500 000 km2 pour préserver l'écosystème, car "l’océan est le temple le plus sacré" avait-il souligné dans son discours.
Baptisé Rahui Nui, il devrait participer à la préservation des eaux riches du territoire polynésien qui concentrent un grande densité d'espèces marines, avec notamment 1 024 espèces de poissons.
Taux de capture du thon jaune augmentés de 54%
La revue Science, une revue scientifique généraliste américaine hebdomadaire a publié, le 20 octobre dernier, un nouvel article qui démontre que les aires marines protégées (AMP) protègent les poissons. Pour appuyer ces conclusions relayées par le magazine mensuel de voyage et de connaissance du monde GEO, les scientifiques ont examiné la réserve de Papahānaumokuālea, à Hawaii. Elle compte parmi les plus vastes aires marines protégées du monde - et des Etats-Unis - et la pêche y est strictement interdite.
Selon une étude publiée par des chercheurs des universités d'Hawaï et de Wisconsin-Madison dans la revue Science, dans la zone qui entoure l'aire marine protégée, les taux de capture du thon jaune (ou thon albacore) ont augmenté de 54 % sur la période 2016-2019 (comparé à la période 2010-2013, avant l'élargissement de la réserve), et ceux du thon obèse (ou patudo) de 12 %. Pour l'ensemble des espèces de poissons étudiées, les taux de capture ont bondi de 8 %, et les hausses les plus spectaculaires ont été observées à des distances comprises entre 185 et 370 km de la limite du sanctuaire.
La Polynésie française, un autre modèle
Rappelons qu'en 2018, le conseil des ministres a décidé de classer la totalité de la zone économique exclusive (ZEE) de la Polynésie française, soit 4, 5 millions de km2, en aire marine gérée.
Depuis 70 ans, des efforts sont consentis pour gérer au mieux l'espace maritime polynésien, et ses ressources marines. Par exemple, cela fait 26 ans que plus aucune licence de pêche n'est accordée aux navires étrangers, pour réserver la ZEE uniquement aux bateaux de pêche locaux. Autre exemple notable, la ZEE polynésienne étant le plus grand sanctuaire de mammifères marins de la planète depuis 2002, toutes les espèces de requins sont protégés et interdites de pêche.