« La Russie est devenue, au moment où je vous parle et pour les années à venir, une menace pour la France et pour l’Europe.» L’allocution du président de la République Emmanuel Macron, le 5 mars dernier, sur la Russie et l’Europe, ne rassure guère les Polynésiens dont les enfants sont engagés dans l’armée française.
Le fils d’Henriette Terai est administratif dans la marine. Elle sait qu’il peut être appelé sur le front si la situation l’exige. "C'est un risque. Parce que combattre la Russie, on a vu comment il est Poutine. Y aura pas de cadeau. Ça fait peur, après tout ce qu'il a fait à l'Ukraine. S'il faut qu'on envoie nos enfants sur le terrain, je pense qu'on va peut-être pas les revoir" confie la mère de famille.
Léone Faaio a aussi suivi cette allocution. Son fils de 25 ans a pu rentrer de France et pour rien au monde elle ne le laisserait repartir. "C’est pas bien ce qu’il fait, parce qu'il ne dit pas la vérité, sur le pourquoi il recrute les jeunes. Pour aller se battre à la guerre là-bas, c'est pas la peine d'amener nos enfants là-bas, ça va nous détruire" affirme-t-elle.
Avec la menace des États-Unis de se retirer de l’OTAN, la situation internationale est effectivement grave selon les spécialistes du droit international. Sans l’appui militaire des USA, Emmanuel Macron a d’ores et déjà annoncé que « des investissements supplémentaires en matière de défense vont être réalisés. »
Mais la France est-elle prête à partir en guerre ? Raimana Lallemand, docteur en droit public, répond à cette question : "La France elle dispose d'une armée professionnelle, d'environ 200.000 hommes et 40.000 personnels en réserve. Il y a des moyens" déclare le spécialiste. "Après, on est quand même très éloigné d'un conflit direct entre la France et la Russie aujourd'hui. Si, par ailleurs, il devait y avoir un conflit, effectivement, il faudrait une réorientation des moyens budgétaires et logistiques en général, vers cette industrie de guerre."
Certes la France et l’Europe se préparent, mais pour qu’elles partent en guerre contre la Russie, plusieurs conditions juridiques doivent être réunies. À savoir : une agression armée de la Russie contre un État européen, permettant d'invoquer la légitime défense. Une autorisation du Parlement français. Et une coordination au niveau européen.