Les magistrats de la Chambre Territoriale des Comptes de Polynésie française confrontés aux falaises de la plus petite commune des Marquises. Avec « un taux de réponse constaté de 7 % », la Chambre a rencontré des difficultés à mener ses investigations à terme.
Un contrôle paralysé par le silence administratif
Pourtant dès juillet 2024, le maire et le secrétaire général de cette commune de la terre des Hommes n’avaient manifesté « aucune difficulté » à clarifier les nombreux points, sauf que la commune n’a quasiment transmis aucun document. Le secrétaire général a alors mis en cause « le dispositif de stockage du serveur récemment installé », affirmant que les fichiers avaient été « perdus ». Mais selon les prestataires techniques, les systèmes de sauvegarde sont « opérationnels » et aucun « incident technique » ne leur a été signalé.
La Chambre estime donc que « les causes de l’absence de transmission des pièces sont à rechercher dans une organisation interne déficiente » et n’exclut pas « une volonté dissimulée de ne pas transmettre les documents ».
Une administration surchargée et désorganisée
Le rapport met également en lumière un fonctionnement interne préoccupant : « le secrétaire général semble être le seul agent à assurer le fonctionnement courant de la collectivité ».
Une centralisation des responsabilités qui a mené à un blocage complet lors de son congé estival. Avec seize agents permanents, la commune de Ua Huka ne peut poursuivre ses missions dans ces conditions. La CTC rappelle qu’il est « indispensable de créer au sein de l’administration, des binômes par mission ».
Par ailleurs, la tenue des actes administratifs est largement insuffisante. La commune ne produit pas de procès-verbaux des réunions du conseil municipal, ne respecte pas les obligations d’archivage, et les délibérations ne sont pas inscrites dans les registres légaux. Le maire a toutefois assuré qu’un « plan d’action à court terme » serait mis en œuvre.
Des finances à surveiller, un service de l’eau en difficulté
La situation financière est jugée « à surveiller ». L’autofinancement est instable, avec une épargne brute négative en 2022 de -11,2 %. Les annexes aux comptes sont incomplètes, l’inventaire du patrimoine inexistant, et de nombreux amortissements obligatoires ne sont pas réalisés.
Le service public de l’eau est également critiqué pour son manque d’entretien et ses investissements mal définis. La Chambre va jusqu’à évoquer un « budget de l’eau possiblement insincère ». En réponse, elle recommande à la commune d’adopter dès 2025 « un schéma directeur de l’eau potable » et d’engager les investissements prévus.
Conclusions
« Cette carence notoire n’est pas acceptable », conclut la Chambre. Les magistrats appellent le maire à « rétablir les bases de l’organisation interne » et formulent quatre recommandations prioritaires.
Ua Huka est désormais face à un impératif : réformer son administration pour assurer un service public efficace, dans l’intérêt de ses 719 habitants.