Une cinquantaine de PNC s'est installée au pied du bâtiment, banderoles à la main. Mais selon l’intersyndicale composée de A ti’a i mua et de la CSIP, 200 PNC suivent le mouvement de grève sur les 257 que compte la compagnie.
Après de multiples alertes lancées en interne, les représentants du personnel ont décidé de serrer la vis.
Cinq points de revendication
Le préavis de grève est composé de cinq points de revendication, à commencer par la revalorisation de la grille salariale. C’est sur point principalement que les avis divergent. Les grévistes demandent une "augmentation de 30% de leur salaire de base" selon la direction, gelé depuis 2008. Plus les PNC réalisent des vols, plus ils gagnent. Dans le cas contraire, ils ont un salaire de base de 210 000 CFP.
"Ce n’est pas possible" répond le PDG de la compagnie qui craint un déficit face à une concurrence de plus en plus rude, et cette augmentation de salaire "ne pourra pas être répercutée sur les billets d’avion".
Les syndicalistes réclament également de meilleures conditions de travail. "En raison de cette activité supplémentaire nécessaire au maintien d’un revenu normal, les PNC ne sont en moyenne qu’une dizaine de jours à leur domicile chaque mois, ce qui impacte fortement leur vie de famille", précisent les représentants. Ce sont les règles du métier édictées, et que connaissent tous ceux qui se lancent dans cette aventure de vie. Être hôtesse de l’air et organiser sa vie de famille, c’est parfois simple, parfois compliqué, parfois très sportif.
"C’est le métier qu’ils ont tous choisi, ils le font très bien et ils sont contents de le faire […] on conçoit que faire des vols sur de longues distances, de longs courriers, le décalage horaire…quand on a 25 ans, c’est facile ! Quand on approche de 45 à 50 ans, c’est plus dur".
« Par ailleurs, d’autres dysfonctionnements en matière d’hébergement et d’insécurité, des problèmes de transport en escale ont été reportés et restent ignorés par la Direction, générant à leur tour de la fatigue mentale ajoutée à la fatigue physique du PNC ».
Quatre des cinq points de revendication ont été acceptés. Reste aujourd’hui à s’entendre sur la revalorisation des salaires.
Vols perturbés à partir de mercredi
Pour l’heure, aucune perturbation des vols n’est prévue. Une cellule de crise a été mise en place par la compagnie pour répondre aux demandes des passagers impactés par le mouvement social. Le calendrier des vols devrait être perturbé à partir de mercredi 5 juillet. "Je tiens à présenter mes excuses aux clients concernés", confie Michel Monvoisin.
Dès mercredi 5 juillet, les vols opérés par Air Tahiti Nui sur Los Angeles, Seattle et la France seront impactés, car « on ne sait pas qui est gréviste, nous le saurons dès qu’ils prendront leur service et qu’ils ne se présenteront pas ».
Récupération politique ?
Sur les pancartes érigées au siège de la compagnie aérienne et tenues par les grévistes, on retrouve le slogan du Tavini Huiraatira durant la campagne des élections territoriales "Fa'atura, fa'aora, fa'atupu". Les députés Temata’i Legayic et Steve Chailloux se sont d’ailleurs rendus sur les lieux pour soutenir les grévistes, précisent les syndicalistes. Nos confrères de Tahiti Infos ont dévoilé que Cliff Loussan, représentant à l’assemblée de la Polynésie, PNC désormais à temps partiel et représentant A ti'a i mua, participerait en coulisse aux négociations. Cela pose un véritable conflit d’intérêts pour un gouvernement qui prône la probité.