Les Polynésiennes, des auxiliaires de vie au grand cœur

Lise Tehuiotoa a décidé de devenir auxiliaire de vie à Bastia.
Depuis quatre mois, une société d’intérim recrute des auxiliaires de vie en Polynésie. En partenariat avec la Mairie et le SEFI de Papeete, plus d’une quinzaine de Polynésiens ont déjà quitté nos îles pour un contrat de trois ans. Une quarantaine de candidats supplémentaires sont en attente.

Tout quitter pour changer de vie. Maguy Ahumata, 44 ans, a décroché son contrat d’auxiliaire de vie pour 3 ans, renouvelable. Une opportunité en or, car les billets d’avion sont pris en charge et remboursables sur trois mois. Aucun diplôme requis, mais l’expérience est exigée.

« Mon père est décédé l’an dernier au mois de septembre et j’ai pu l’accompagner jusqu’à sa fin de vie. Je me suis dit, au niveau de ma religion, il faut rendre service aux personnes... Et là j’ai l’opportunité parce que non seulement tu rends service, et en plus tu es payée, logée, nourrie, blanchie. C’est que du bonheur. Je suis mère de deux jeunes adultes et je suis grand-mère aussi. Mais ça va, je suis veuve, je peux partir. Je suis contente pour partir et passer une nouvelle aventure, voir de nouveaux horizons » raconte Maguy.

"C'est beaucoup d'amour"

Vivre auprès d’une personne âgée, c’est s’occuper de ses besoins quotidiens, comme la lessive, le ménage et la cuisine. Lise Tehuiotoa naît à Raiatea et grandit à Tahiti. Recrutée en mars, elle vit désormais à Bastia.

« Des soins c’est beaucoup d’amour, beaucoup de sourires : c’est ce que je lui apporte tous les jours. Je lui fais goûter nos plats tahitiens, comme le poisson cru au lait de coco. Du manioc, il y en a aussi en Corse. Des patates douces, elle aime bien. Je ne lui ai pas encore fait goûter le poe, ce sera une surprise. Pour le ménage, ça se passe bien, c’est une maison très propre, il n'y a pas grand-chose à faire. Elle a juste besoin de quelqu’un à côté d’elle » témoigne Lise, depuis la Corse. 

Maeva Soutien recrute

Pour postuler, il y a deux critères à respecter : être célibataire et sans enfants à charge. C’est le cas de Verani Alves, originaire de Rurutu. Elle souhaite partir pour mieux revenir. « Je sais déjà le métier parce que c’est inné en moi depuis jeune. Tu t’es occupée de ? De mes grands-parents, surtout de ma grand-mère maternelle. Aux Australes. Après je me suis occupée de plusieurs personnes en Polynésie, plusieurs familles chinoises, américaines. J’ai dit qu’après, quand je vais revenir, je vais retourner chez moi. S’occuper des personnes ? C’est un rêve », confie Verani. 

Marylène Ortali a vécu 25 ans à Huahine. Elle s’est souvenue de la bienveillance polynésienne, lorsqu’elle cherchait une aide à la personne pour sa mère. C’est ainsi qu’elle a créé Maeva Soutien, la société d’intérim qui recrute les auxiliaires de vie. « On a besoin de quelqu’un qui soit en permanence à la maison. Elle ne travaille pas la nuit, mais on a besoin de quelqu’un qui soit là pour rassurer. (...) Tenir compagnie, partager un film, partager une journée, faire du tricot. Peu importe, mais passer la journée et les occuper. Les Françaises (...) ont moins envie de venir sur ces postes », explique-t-elle.

Le président de l'association Police 2000 fait partie de l'aventure. Il a convaincu Marylène de se lancer. « Elle est venue me voir, j’ai senti que son projet était intéressant pour les Polynésiennes. Avec l’autorisation du maire, on s’était dit que le fare potee soit un lieu de rencontre pour les personnes désireuses d’y aller » nous dit Rodolphe Tutairi.

Le prochain recrutement se fera en septembre. Les informations sont disponibles auprès de l’association emploi insertion formation, située sous le fare potee de la mairie de Papeete.