Un chant en langue maorie s'élève depuis ce marae de Papenoo, comme une offrande aux dieux et aux ancêtres polynésiens.
Ce chant, c'est celui d'Amir, un Iranien, et d'Astrid, une Suédoise. Venus s’installer en juin, juste après avoir célébré matariki en Nouvelle-Zélande, l’équivalent de matarii i ni’a au fenua, ils partagent aujourd’hui ce qu’ils ont appris. "O Seigneur, guide moi, guide nous, protège nous, fais de moi ton serviteur et une étoile scintillante redevable au tout-puissant. La raison pour laquelle j'ai choisi cette prière, appelée Karakia en Nouvelle-Zélande, c'est parce que cela parle d'une étoile brillante, comme les étoiles de matarii", déclare Amir, invité à la cérémonie, celle des unu. Le lever des unu, ces sculptures en bois représentant les taura, les animaux protecteurs des familles polynésiennes.
Une tradition ancestrale en hommage aux dieux et aux tupuna qui descendent sur Terre et apportent avec eux l’abondance. "L’importance du matarii, tout le monde le sait. C’est le temps qui passe. Et le temps qui passe, il faut qu’il y ait de la mémoire. Sans mémoire, nous ne sommes rien du tout. Et pour le matarii, vous savez très bien qu’il y a le temps de l’abondance, etc. Il y a les produits de la terre, et les produits de la mer, etc. Et pour transmettre tout ça, il faut des hommes. Qui sont capables de le faire. Qui sont des transmetteurs de mémoires. D’où le matarii. Tout ça, c’est un tout", explique avec philosophie Jean-Claude Hauata, référent de l' association Pere aitu de Paea.
L’éveil du premier unu, c’était avant-hier soir, par l’association Haururu. Et un unu s'est levé hier sur le premier marae de la vallée Tefaaiti de Papenoo, le marae Ivirau Toomaru. "On a décidé deux fois par an de les monter à matarii i ni'a, parce que matarii i ni'a c’est la semaine prochaine, et de les descendre à matarii i raro", précise Yves Doudoute, membre fondateur de l’association Haururu de Papenoo.
Au total, 12 unu seront érigés jusqu’au 20 novembre, date officielle de la célébration de matarii i ni'a... ou le lever des Pléiades, comme une reconnexion aux origines, à la source, à la terre mère nourricière.
Le reportage de Kaline Lienard :