Lutte contre le décrochage scolaire : comment mieux intégrer les enfants des îles ?

Les élèves de troisième du collège de Hao en visite dans les lycées de Punaauia et de Mahina.
C'est un chiffre presque trois fois plus élevé que dans l’Hexagone : 11% des élèves Polynésiens âgés de 15 à 17 ans ne sont plus scolarisés. Le décrochage scolaire touche particulièrement les jeunes des îles. Grâce à un dispositif de la Fédération des œuvres laïques, une quarantaine de collégiens de Hao sont à Tahiti pour visiter les établissements qu'ils devraient intégrer à la rentrée prochaine. Une manière de les familiariser à leur futur environnement. Au programme, la visite du lycée hôtelier de Punaauia et du lycée professionnel de Mahina où ils ont été accueillis par d’autres élèves des îles.

C'est par le traditionnel chant du "mave mai" que les 47 élèves du collège de Hao ont été accueillis en grande pompe au lycée professionnel de Mahina. Avant de débuter la visite de l'école, leurs confrères et consœurs des îles scolarisés ici leur avaient réservé une petite surprise.

Jade est l'une de ces élèves, originaire de Hao et scolarisée au lycée de Mahina, elle déclare les larmes aux yeux : "ça réchauffe mon cœur parce qu'ils sont de Hao, de mon île, de là où je viens. Je suis contente de les accueillir avec une danse"

Annick Meascoff, la proviseure du lycée professionnel de Mahina explique que : "chaque année nous recevons des élèves des îles, qui demandent à être reçus. Cette année, c'est Hao ce matin, et Makemo cette après-midi."

Aide à la personne, esthétique, coiffure... Une visite guidée des différentes formations proposées par l’établissement professionnel s’impose. Objectif : développer l’ambition scolaire et sociale des élèves. 

Julian Mahanatea, actuellement en classe de 3ème au collège de Hao et originaire de Pukarua, est rassuré par cette visite : "on voit comment ça se passe dans l'établissement, quelle filière on peut pendre dans chaque lycée, que ça soit pro ou générale, ou technologie" affirme-t-il.

La lutte contre le décrochage scolaire a été le moteur de ce projet, lancé il y a cinq ans par la Fédération des œuvres Laïques. Il semble porter ses fruits aujourd’hui, selon Louis Perdersen, professeur principal des 3èmes du collège de Hao : "On constate que beaucoup d'élèves sont restés et continuent leur scolarité. Des valeurs chiffrées, on n’en a pas encore, mais c'est un des projets de l'établissement, de garder un contact avec les élèves qui sont partis au lycée, pour avoir une estimation de ceux qui décrochent et de ceux qui restent encore à l'école."

Pépin Mou Kam Tsé, proviseur de l'école hôtelière complète : "Depuis quatre ans on constate, en tout cas 100% des collégiens du collège Hao demandent une poursuite d'études, alors que ce n'était pas le cas avant. Donc depuis 4 ans, c'est 100% de poursuite d'études en lycée. Et plus de 80%-90% des jeunes continuent et arrivent à décrocher leur diplôme ici à Tahiti."

Le décrochage scolaire en Polynésie touche chaque année 1000 élèves tous cycles confondus. Pour encourager ce dispositif dédié aux enfants des îles, la DGEE débourse chaque année 1,5 million de francs pacifiques.