Malaise autour du rapport de gestion de crise Covid

Jérôme Fernandez, président du syndicat des infirmiers libéraux et Tepuaraurii Teriitahi, rapporteure de la commission d'enquête.
C’est un peu un match de ping-pong qui se joue entre les rapporteurs de la commission d’enquête de l’Assemblé de la Polynésie et les syndicats des médecins et infirmiers libéraux. À la suite de la publication du rapport sur la gestion de la crise Covid, le ton est monté entre les deux camps. Absence de communication, malentendu, marque d’irrespect ? On a tenté de comprendre cette polémique.

Médecin généraliste, il a fait partie de ceux qui étaient en première ligne lors de cette crise sanitaire sans précédent. Dans son cabinet à Mahina, il a fait face à un ballet de malades atteints du Covid. David Michel a fini par en être victime.

"J’ai fait onze jours de réa, trois semaines d’hôpital, cinq gros mois d’arrêt de travail et derrière plusieurs à me retaper. Oui, ça été dur. C’était le début, il n’y avait pas la vaccination, je n’étais pas vacciné. On faisait très attention, on était harnaché des pieds à la tête mais je l’ai attrapé."

David Michel, médecin généraliste à Mahina

Comme lui, de nombreux libéraux étaient sur le front au moment de la crise. Pourtant, ils n’ont pas été entendus par la commission d’enquête, c’est en tout cas ce que dénoncent, via un communiqué, les présidents des syndicats de médecins et infirmiers libéraux.

Un coup de gueule qui a aussitôt fait réagir les enquêteurs de ce rapport. Ils ont répondu par voie, aussi, de communiqué. Ces derniers estiment avoir fait leur travail en auditionnant les conseils de l’ordre. Des conseils de l'ordre qui sont "les instances représentatives des professions libérales exercées", précisent-ils. 

Un amalgame déplorable selon Jérôme Fernandez, le président du syndicat des infirmiers libéraux. "Les ordres, il faut les entendre pour tout l'aspect réglementaire, les problèmes rencontrés lors de la gestion de la crise, ceux liés à la réglementation et à la déontologie. Oui, ça c'est le domaine des ordres. Maintenant les problématiques de terrain, très pragmatiques, ce ne sont pas les ordres qui peuvent répondre à ces questions-là. Donc non, on n’a pas été, je persiste et je signe, auditionnés."

Un outil à la décision

Le représentant du syndicat se dit ouvert à la discussion. De leur côté, les membres de la commission se disent désolés de ce malentendu et rappellent avoir toujours été reconnaissants du travail de ces professionnels. « On a fait notre part, sans avoir voulu écarter qui que ce soit, dans une totale objectivité. Et, justement dans une volonté de réparation par rapport au manque de reconnaissance, argumente Tepuraurii Teriitahi, représentante Tapura à l'Assemblée et rapporteure de cette commission, Maintenant, ce document est un outil à la décision, qu’on remet au gouvernement (...) À ce moment-là, peut être qu’ils voudront consulter les syndicats, libres à eux. Nous en tout cas on a fait des recommandations où on a oublié personne.»

Ce rapport est désormais entre les mains du Pays. D'ici un an, une commission de suivi sera mise en place avec comme objectif : voir ce qui aura été fait ou non. Un calendrier de rencontres est déjà prévu.