Ça ne passe toujours pas. Les tensions entre l'élue Tavini Huiraatira et certains membres de son parti, notamment le président de l'Assemblée de Polynésie Antony Geros, sont palpables. En cette journée symbolique du 2 juillet, commémoration du premier tir nucléaire en Polynésie, Hinamoeura Morgant-Cross a présenté une proposition de résolution visant à modifier les termes de la loi organique et certains points régissant le texte sur le nucléaire.
Elle espérait enfin un peu de soutien de la part de son parti qui ne cesse, depuis le début de son mandat à l'Assemblée de Polynésie, de rejeter ses propositions. En novembre dernier, Hinamoeura voulait "dépoussiérer" l'institution en soumettant un projet de loi pour limiter le nombre de mandats des représentants, l'une des promesses de campagne du Tavini Huiraatira. Seulement deux mandats de cinq ans : son projet avait évidemment fait grincer des dents. Ce 2 juillet, c'est sa résolution sur le nucléaire qui est retiré de l'ordre du jour à la commission des institutions, sur demande, selon elle, d'Antony Geros et avec l'accord d'Allen Salmon, qui l'a remplacé à la tête de la commission. Elle confiait lundi, veille de la commission, que "cela a été un peu laborieux de l'inscrire à l'ordre du jour. J'espère que ce n'est pas parce-que c'est moi qui porte ce texte".
Pourtant, l'élue avait reçu, dit-elle, l'appui d'Oscar Temaru, président du Tavini Huiraatira, via sa collaboratrice. Mardi soir, sur notre plateau, la députée sortante Mereana Reid-Arbelot avait également exprimé son soutien au combat porté par Hinamoeura et affirmé qu'en cas de victoire aux législatives, et "quand l'Assemblée aura bien étudié la question", elle se "ferait un plaisir d'aller porter la question et de changer la loi organique s'il le faut."
"Le député est justement le relais de l'Assemblée de Polynésie française et du gouvernement du Pays en métropole. Je soutiendrais tout ce qui va dans le sens d'une meilleure reconnaissance du fait nucléaire, des conséquences néfastes qu'il a eu sur notre fenua. Quand l'Assemblée aura bien étudié la question, je me ferai un plaisir quand je serai réélue, d'aller porter la question et de changer la loi organique s'il le faut."
Mereana Reid-Arbelot, députée sortante du Tavini
Il semblerait qu'Antony Geros ne soit pas du même avis, mais il garde le silence pour l'instant. Allen Salmon a de son côté, justifié le vœu d'impliquer tout le monde dans ce projet et pas seulement Hinamoeura. Peut-être que le souhait de Hinamoeura Morgant-Cross de "dépolitiser ce combat" dérange. L'élue se dit prête à travailler avec les partis de l'opposition sur cette question, sans distinctions. Elle a néanmoins confirmé que pour l'instant, elle était toujours en accord avec les valeurs de son parti, le Tavini.