Obésité en hausse chez les jeunes Polynésiens, cause de souffrances physiques et psychologiques

L'obésité, un fléau de poids !
L'obésité juvénile est en progression en Polynésie française et fait peser des risques sanitaires et économiques sur le territoire. Dans un rapport publié le 19 mars, la Chambre territoriale des comptes de Polynésie alerte sur cette situation. La juridiction formule sept recommandations pour renforcer le pilotage de la lutte contre l’obésité chez les jeunes.

La taxe sur les produits sucrés est un premier pas dans la lutte contre l'obésité et répond à l'une des recommandations formulées par la Chambre territoriale des comptes dans son rapport publié le 19 mars

La part des personnes obèses a progressé

Ce rapport souligne une progression inquiétante de l'obésité en Polynésie et notamment chez les jeunes. "La part des personnes obèses a progressé de 8 points entre 2010 et 2019 et représente désormais 48 % des individus alors que cette part s’établissait à 40 % en 2010. Chez les jeunes de 18 à 29 ans, 36 % des hommes et 47 % des femmes sont en situation d’obésité. Les données relatives à l’hospitalisation des personnes en situation d’obésité montrent une croissance de 50 % de séjours de patients âgés de 18 à 30 ans entre 2018 et 2022" indique la CTC. 

L'obésité juvénile a également été analysée par la CTC de Nouvelle-Calédonie. À titre de comparaison : en 2019, 41% des jeunes de 18 à 24 ans étaient concernés par l'obésité en Polynésie française, contre 23% en Nouvelle-Calédonie en 2022. En hexagone, ce taux était de 9% pour la même tranche d'âge. 

Parmi les principales causes : une alimentation déséquilibrée, riche en produits ultratransformés et en boissons sucrées, ainsi qu'une activité physique insuffisante. En Polynésie, "45,8 % des élèves de 13 à 17 ans déclaraient boire des sodas gazeux sucrés au moins une fois par jour" tandis qu'en Nouvelle-Calédonie, "la proportion de jeunes de 18-24 ans consommant quotidiennement des boissons sucrées est passée de 41 % en 2015 à 59 % en 2022".

En outre, la précarité et l'obésité sont intimement liées.

Conséquences sanitaires et économiques

Le rapport polynésien liste aussi les conséquences de la prévalence de l'obésité, notamment "les souffrances physiques et psychologiques qui affectent la qualité de vie. Ces effets sont particulièrement marqués chez les jeunes de 15 à 25 ans. L’importance des répercussions d’une obésité non traitée dans la jeunesse justifie des mesures prévention à réaliser au plus tôt" préconise la CTC, qui estime que "la politique n'a pas mis pas priorisé la jeunesse". 

L'obésité constitue également une part non négligeable dans les dépenses du Pays, même si l'incidence de ce coût n'a pas encore été évaluée. "Le montant des dépenses de prévention consacrées à l’obésité imputées sur le fonds de prévention sanitaire et social a représenté, en cumul (2018-2023), 63 % des crédits de ce fonds, soit 1,23 Md F CFP. Cette part atteignait plus de 70 % en 2022 et 2023, témoignant alors de la montée en charge de la dépense de prévention consacrée à l’obésité par la Polynésie. Dans cet ensemble, plus de 15 % ont été consacrés aux campagnes de prévention, dont les messages concernaient l’ensemble des vecteurs de la prévention de l’obésité : activité physique, alimentation saine, éducation à la santé" précise le rapport. Or, aucun bilan précis de ces actions n’a été réalisé. 

Ainsi la CTC formule plusieurs recommandations, lues et intégrées dans la politique du Président Moetai Brotherson. Elles ont pour objectif de lutter contre l’ampleur de l’obésité en Polynésie, en essayant de changer les comportements alimentaires et favoriser la pratique sportive.